Sex design… La nomination laisse songeur. Pendant que l’imaginaire s’installe à la recherche de son sens caché, on se surprend à répéter le terme à plusieurs reprises, étonnées par son caractère sensuel, érotico-glamour, et exotique. Et pourtant, c’est bel et bien à la chirurgie génitale que nous faisons référence ! Aïe, le mot est posé ! Chirurgie génitale ! Des frissons vous parcourent, une douleur virtuelle mais aigüe vous décontenance. Mais non mesdames, pas de panique, nous ne parlons pas non plus d’un abattoir de viandes pour une usine de steak hachés !
Alors que nous commençons à peine en France à en murmurer timidement le nom du bout des lèvres, en Angleterre, aux Etats-Unis et en Suisse elles se l’arrachent ! Rajeunissement de la petite fleur par-ci, modelage de la minette par là, et ce sans compter sur les grandes tendances qui défraient la chronique du plaisir, la possibilité de booster son point G et d’ôter le petit capuchon protecteur du clitoris. Ah, que ne serions-nous pas prêtes à faire pour nous repaître au septième niveau de l’ascenseur céleste !
Trêve de plaisanteries, l’accession à ces techniques de pointe reste encore l’apanage luxueux des plus aisés. Entre 1 700€ et 2 300€ la labioplastie (ressemblance avec un sexe pubère), 1 600€ à 2000€ la nymphoplastie (réduction des petites lèvres), entre 500 et 1 000€ l’injection de collagène dans le point G… Si la beauté se monnaye, la santé en l’occurrence, elle, ne doit pas être laissée au hasard d’un scalpel. En effet, les chirurgiens détracteurs de ce genre de pratiques dérivées restent encore très nombreux, notamment en France où l’éthique l’emporte sur le caractère esthétique. Ainsi, les professionnels n’opèrent que très rarement pour des raisons de pure coquetterie et privilégient davantage les interventions intimes stimulées par des complexes majeurs. Car ne le sous-estimons pas, une excision des lèvres génitales comporte toujours un risque pour l’affluence des fibres nerveuses contenues dans cette partie intime.
Alors que beaucoup s’en amuseront, d’autres persifleront sur ces femmes utilisatrices d’une modernité outrancière, qui n’hésitent pas à customiser jusqu’à leur jardin secret. Car malgré toutes ces hilarantes frivolités, ne doit-on pas déceler un certain malaise, une certaine stigmatisation à se conformer à des canons de beauté que l’on continue à idéaliser ? Le plus regrettable dans cette polarisation, qui au final nous concerne un peu toutes, c’est qu’une fois que nous nous apercevrons que nous nous sommes épuisées à élever la beauté de notre corps à son firmament, nous réaliserons trop tard que c’est sur la beauté de notre âme, l’essence même de notre être, que nous avons oublié de miser…
Emilie Gardes
Pour aller plus loin: