Depuis début novembre, une vidéo tourne en boucle sur la toile. Celle d'une ours femelle brune et de son ourson en train de remonter tant bien que mal une pente enneigée. L'ourson doit notamment s'y prendre à plusieurs reprises avant d'atteindre le sommet, après plusieurs glissades spectaculaires.
Publiée sur la chaîne Youtube ViralHog le 2 novembre, la vidéo a été tournée le 19 juin à Magadan, en Russie. Si certains y voient une "magnifique scène" ou laissent des commentaires attendris type "comme c'est mignon", d'autres internautes sont en revanche nombreux à condamner cette vidéo. Tournées par un drone, les images semblent en effet très proches des deux animaux, qui ont probablement été effrayés par l'appareil.
"Cet opérateur et bien trop d'autres sont prêts à mettre en danger la faune et la flore sauvages simplement pour 15 minutes de 'célébrité vidéo virale' - le genre de célébrité où, en général, à moins que vous ne soyez réellement dans la vidéo, le public n'a aucune idée qui vous êtes", critique vivement un utilisateur Youtube dans un commentaire.
Petits avions commandés à distance, les drones sont en général assez bruyants. Or, les animaux sauvages comme ne sont pas du tout habitués à ce type de nuisance sonore. Et, tout comme nous, l'inconnu les fait paniquer et réveillent leur instinct de survie.
Il y a 3 ans, des chercheurs américains de l'université du Minnesota ont réalisé une étude sur le stress causé aux ours sauvages noirs par le bruit des drones. Publiées en août 2015 dans la revue Current Biology, les recherches ont montré que le rythme cardiaque des ours pouvait augmenter de 400% lorsque que l'un de ces appareils volait trop près d'eux.
"Il était évident que nous observions une réaction de stress aiguë", avait constaté l'auteur principal de l'étude Mark Ditmer, ajoutant que ce stress se manifeste principalement chez les ours femelles en compagnie de leurs petits, comme c'est le cas sur la vidéo tournée en Russie.
Comme l'explique au site The Atlantic le spécialiste des grizzlis Clayton Lamb, "peu importe la distance, car le comportement de ces ours me permet de dire que c'était trop près". "Il n'y a aucune raison pour qu'une femelle accepte normalement ce risque, à moins d'y être forcée", ajoute le scientifique, qui enseigne à l'université d'Alberta (Canada).