C'est un "dossier" qui s'alourdit de plus en plus : trois nouvelles plaignantes se sont manifestées auprès de la justice et devraient prochainement être entendues par les enquêteurs dans le cadre de "l'affaire PPDA".
Pour rappel, l'ex-vedette du JT de TF1 est accusé d'agressions sexuelles, de viols et de harcèlement. Les victimes présumées sont nombreuses. Une émission de "Mediapart" diffusée le 10 mai 2022 réunissait à titre d'exemple pas moins de vingt femmes témoignant pour viol et violences contre PPDA.
Et aujourd'hui, ce sont encore trois nouveaux témoignages qui devraient donc être pris en compte par le parquet de Nanterre. L'enquête préliminaire dont il est question a été ouverte en décembre 2021. Parmi les 19 femmes qui y ont été entendues, 10 ont porté plainte. Mais ce n'est pas tout...
Patrick Poivre d'Arvor, 75 ans, visé par une information judiciaire à Nanterre, a déjà été interrogé trois fois par les enquêteurs de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), rappelle France Inter. Il conteste fermement les faits. L'ancien animateur de journal télévisé a même déposé plainte "pour dénonciation calomnieuse" contre une dizaine de plaignantes.
Or, il y a également du "nouveau" de ce côté-là. Effectivement, PPDA a annoncé avoir retiré sa plainte pour diffamation contre "Le Parisien", le journal au sein duquel la journaliste Florence Porcel avait accusé l'ancienne star du JT de viols, en février 2021, engendrant l'ouverture d'une première enquête préliminaire, finalement classée sans suite, avant qu'un dépôt de plainte n'engendre l'ouverture d'une nouvelle enquête.
Parmi les victimes, certaines voient dans le retrait de cette plainte un aveu d'échec. Des militantes féministes, comme la vidéaste Marine Périn, perçoivent ici une stratégie normalisée par les présumés coupables : "Ça, les enfants, c'est ce qu'on appelle une procédure bâillon : on porte plainte en diffamation pour faire bien dans le plan de com de crise, puis on abandonne les poursuites en scred quand plus personne regarde".
Même réflexion du côté de la journaliste Marine Turchi, autrice de l'enquête Faute de preuves : enquête sur la justice face aux révélations #MeToo. Celle qui recueille depuis des années de très nombreuses paroles de victimes pour le site d'investigation "Médiapart" observe là toute une mécanique : "La stratégie #PPDA: porter plainte, puis se désister l'année suivante".
"PPDA est surtout confronté à une réalité qui est la sienne : le nombre de victime est tellement important - trois nouvelles victimes sont allées voir les autorités - que ça devient difficile d'avoir une position de défense dans ce dossier", avance de son côté auprès du Huffington Post Muriel Reus, l'une des seize plaignantes pour viols, agressions sexuelles et harcèlement contre PPDA.
"Un procès pour diffamation aurait une manière de faire la lumière sur l'ensemble des faits. Mais s'il n'y va pas, c'est qu'il n'a pas les arguments pour y aller. C'est un aveu d'impuissance ! Si une plainte pour diffamation est une tentative de nous faire peur et de nous décourager, ça ne fonctionne absolument pas sur nous. Nous intimider est impossible", poursuit Muriel Reus. Elle n'est pas la seule à adopter cette détermination d'ailleurs.
Une autre plaignante, la journaliste indépendante Emmanuelle Dancourt, insiste : "PPDA se désiste de sa plainte en diffamation contre 'Le Parisien' mais maintient sa plainte contre moi et 15 de mes soeurs de plainte. Tant mieux ! J'attends ce procès de pied ferme. Les yeux dans les yeux Patrick", témoigne cette dernière sur Twitter.
A l'instar du témoignage puissant d'Adèle Haenel en 2019, ou des récentes prises de parole à l'encontre de Gérard Depardieu (autant de témoignages énoncés auprès de Médiapart), "L'affaire PPDA" est historique : elle constitue véritablement un cas majeur dans l'évolution du mouvement #MeToo en France.