Tous deux animés par les mêmes goûts littéraires et la même fascination pour les grands éditeurs, le couple se lance en 2009. Ils avancent 10 000 euros de fonds puis réinjectent du capital au fur et à mesure du développement de la société. « Pour l’instant nous avons investi au total 60 000 euros», calcule Marie.
La première étape pour les deux associés est le choix du premier livre qu’ils éditeront : ce sera le journal intime de Barbey d’Aurevilly, Memoranda. « Outre le fait qu’il s’agit de l’un de nos auteurs fétiches, il était également plus facile pour une première fois de s’atteler à un ouvrage libre de droits », explique la cofondatrice. Démarrent alors les différentes étapes de l’édition, de la fabrication à la distribution. « Il a fallu trouver les bons partenaires : fournisseurs, maquettistes, imprimeur … ». Marie et Jean-Pierre s’entourent également de freelances pour effectuer les relectures, la presse, les maquettes. En 2009, la maison d’édition vend son premier livre à 50 exemplaires auprès de son réseau mais également en librairie. Si les ventes restent confidentielles, cela permet au couple de roder le fonctionnement de la maison.
Suite à ce coup d’essai, en 2010 Rue Fromentin édite deux nouveaux livres, cette fois à 1 200 exemplaires. « Nous nous sommes rendus compte à ce moment-là qu’il nous fallait signer avec un diffuseur, qui représenterait nos livres directement en librairie », explique Marie. Rue Fromentin réussit en 2010 à convaincre Volumen-Le Seuil et signe avec ce distributeur : « cela a été le début du développement de l’activité sur une base industrielle », commente Marie. En parallèle, les associés mettent en place un programme de vente en ligne avec Amazon et la Fnac.
À partir de janvier 2011, grâce à ces canaux de vente, Rue Fromentin part sur une base de dix livres à éditer par an. Marie prend alors un congé sabbatique de six mois afin de se consacrer à plein temps à la maison d’édition et de consolider l’activité. À la même période, Rue Fromentin recrute son premier salarié. « Nous avons ainsi peu à peu trouvé notre rythme de croisière », confie Marie. Pour l’instant le chiffre d’affaires de la maison s’élève à environ 170 000 euros pour la troisième année. « Il ne faut pas être pressé dans l’édition », sourit Marie.
Ses conseils
Surveiller sa trésorerie : c’est le nerf de la guerre.
Attention à ne pas s’épuiser la première année, monter une entreprise est un marathon, pas un sprint.
Ne pas hésiter à se lancer tôt.
Sa bio
1977 : Naissance à Neuilly
2001 : Diplômée de X-ENSAE
2008 : Rencontre avec Jean-Pierre Montal
2009 : Édition du premier livre par Rue Fromentin
2011 : Entrée à la diffusion Seuil et embauche d'un salarié
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