L’équipe de chercheurs français menée par le Dr Patrice Nordmann a mis au point un système de dépistage des patients porteurs d’éléments résistants aux antibiotiques. La résistance aux antibiotiques est un fléau mondial, qui touche surtout les pays sous-développés. Les premiers tests de résistance très onéreux, demandaient deux jours d’attente pour obtenir un résultat. Les deux nouveaux tests créés par cette équipe de scientifiques permettent d’obtenir une réponse fiable en deux heures, pour la modique somme de cinq euros. Publiée en septembre dernier dans les revues médicales Emerging Infectious Disease et The Journal of Clinical Microbiology, les tests ont été présentés à la presse jeudi.
Les bactéries visées en particulier font partie de la famille des entérobactéries, comme E.Coli. Les prélèvements de sang, d’urine ou de selles sont mis en contact avec la bande de papier test, qui prend la couleur rouge ou jaune en fonction de résistance à l’antibiotique, en raison d’une modification du PH.
Ces deux tests visent deux familles d’antibiotiques qui présentent deux problèmes distincts. Le premier test a pour ambition de combattre les infections nosocomiales, causées par des bactéries multirésistantes, qui défient même les carbapénèmes, une forme de pénicilline aussi désignée comme « dernier recours » par le corps médical en cas d’échec des autres traitements. Cette avancée permettrait ainsi de limiter l’usage de ces antibiotiques pour en garder toute l’efficacité.
Contrairement à la Grèce ou à l’Italie, la France reste épargnée par la mauvaise gestion ou utilisation excessive d’antibiotique qui cause dans certains hôpitaux des septicémies ou pneumonies dans les centres de réanimation. Le Pr Nordmann, directeur de recherche à l’INSERM et chef du service de bactériologie à l’hôpital Bicêtre dans le Val-de-Marne, explique au Figaro : « Ce test permettra par exemple de repérer dès leur arrivée à l’hôpital les malades porteurs de la bactérie et de les isoler pour éviter que celle-ci ne se propage aux autres malades ».
Le second test est lui dédié à la détection des bactéries résistantes aux céphalosporines, une famille d’antibiotiques traitant les infections urinaires. Une résistance de plus en plus fréquente qui représente entre 6 et 8% des 800 000 cas déclarés en France chaque année, soit environ 70 000 cas difficiles à traiter pour les généralistes selon le Pr Nordmann.
Les deux tests devraient être commercialisés aux horizons de 2013-2014, une mise en circulation rapide pour combattre un fléau mondial, surtout dans les pays du Sud. Pour le Pr Nordmann : « L’enjeu est crucial. Tout un pan de la médecine moderne, la réanimation, la transplantation ou encore les chirurgies lourdes seraient fortement compromises en l’absence d’antibiotiques efficaces ».
Salima Bahia
Crédit photo : Pixland
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