"Noël c'est la magie, c'est la joie dans les yeux des enfants, c'est... wait, what ?". C'est cette remarque ironique qu'a décoché le compte Pépite Sexiste, association de sensibilisation au sexisme et aux stéréotypes diffusés par le marketing, au sujet d'une campagne d'affichage un brin douteuse : celle de la commune de Béthune, et plus précisément d'un commerçant présent sur le marché de Noël.
Cet exposant a effectivement privilégié des affiches "hautes en couleurs" (comprendre inappropriées) : elles représentaient des femmes en lingerie - et chapeaux de Mères Noël - accompagnées de slogans subtils type "Venez vous réchauffer !" ou "Sexy Xmas". On en regretterait presque les albums de Patrick Sébastien.
"La grande classe", "À gerber. Encore des porcs qui ont fait la pub !", ont commenté les internautes sous le post en question.
Un post critique qui a engendré la réaction du maire de la commune de Béthune en personne, Olivier Gacquerre (UDI). "C'est quoi cette censure ? A-t-on le droit de vivre et la liberté (d'agir et de penser) ? Début de la dictature culturelle ?", a fustigé ce dernier dans un tweet depuis supprimé mais relayé par L'Avenir de l'Artois. Et la conversation houleuse ne s'est pas arrêtée là.
Notamment parce qu'Olivier Gacquerre a par la suite émis une comparaison hasardeuse. "Rassurez-vous, je condamne toutes discriminations... Va falloir arrêter le calendrier des rugbymen aussi ?", a commenté le maire, auréolant son tweet des hashtags #tribunalmediatique et #monopoledelabienveillance.
"En l'occurrence je ne vois pas le rapport entre une femme hypersexualisée gratuitement sur un chalet de NOËL à la vue de toutes et tous, et un calendrier des dieux du stade. A-t-on le droit de respecter les femmes et demander l'égalité ?", a rétorqué en retour Pépite Sexiste. "Le calendrier des rugbymen a pour but de montrer ces hommes de façon dénudée. Là il s'agit de vin chaud/chocolat chaud/café donc la nana en petite tenue n'a rien à faire dans ce contexte. C'est ça le sexisme ici", a développé sur le même ton une internaute.
Des réactions qui ont de nouveau engendré celle d'Olivier Gacquerre, s'exprimant ainsi : "Vous ne jouerez pas les victimes avec moi... c'est trop facile. Le respect nous l'avons et vous, nous respectez vous ? A-t-on le droit de ne pas penser comme vous ? Pourquoi jeter en pâture des photos sorties du contexte ?".
Et le compte féministe, fustigeant le sexisme ordinaire dans la pub, de conclure sur ce sujet : "Nous ne nous sommes aucunement posées en victimes. Nous recevons tous les jours cette affiche dans notre boîte mail, elle dérange et est factuellement sexiste. Il ne s'agit pas là d'idéologie mais d'un fait de société avec un impact réel sur l'égalité femme/homme". A en voir ces curieuses affiches, le sexisme ordinaire ne prend (toujours) pas de vacances.