Si on s’intéresse un instant à la longue liste de symptômes répertoriés au moment où survient l'insuffisance en œstrogènes (sécheresse vaginale et cutanée, dépression, asthénie, insomnie, diminution de la libido, prise de poids, atrophie des organes génitaux, etc.) on comprend qu’un certain malaise, voire une forme de dépression s’installent. Mais pourrait-on en rire au lieu d’en pleurer ? La réponse est sans équivoque, oui, et plutôt deux fois qu’une.
- La première raison d’en rire, c’est que le problème est à la fois alimentaire et culturel, donc possible à résoudre. Au début du siècle dernier, les femmes en Occident connaissaient à peine les désagréments de la ménopause. Le changement de comportement alimentaire est une des toutes premières causes des symptômes que connaissent la plupart des Occidentales. En Asie, où les régimes alimentaires contiennent une grande quantité de soja et ses produits dérivés, il n’existe peu ou pas de symptômes, grâce à la quantité importante de phytoestrogènes présente dans le soja. Avec l’adjonction de l'Angélique de Chine, plante médicinale utilisée depuis l'Antiquité (elle règle les cycles, diminue les bouffées de chaleur, stimule la libido, atténue la nervosité, les tendances dépressives, les troubles de la concentration, la fatigue...), les Chinoises ne sont que 20% à connaître nos symptômes.
Chez les Maya, dont l’alimentation est également riche en phytoestrogènes, c’est l’ostéoporose qui est quasi inconnue. Les lignanes (qui ont la particularité d'avoir des caractéristiques communes avec les hormones sexuelles, qui les lient aux récepteurs d’œstrogènes) contenus en forte quantité dans le lin et le sésame en particulier, sont salvateurs.
Sur le terrain culturel, si les Chinoises se réjouissent de la ménopause et la fêtent comme une réjouissance à être libérées des grossesses, les Américaines réagissent différemment selon leur niveau social. Les unes considérant qu’il s’agit d’une maladie (avec tout le drame que cela comporte), les autres une simple évolution de leur vie. La couleur de peau aurait également son importance, les femmes blanches souffriraient de symptômes psychosomatiques tandis que les noires ressentiraient des symptômes vasomoteurs.
- La deuxième raison d’en rire, c’est que la vie sexuelle continue (et dans certains cas s’améliore !). Si aujourd’hui moins de 25% des femmes qui ressentent des modifications d’ordre génital osent en parler avec leur gynécologue, dans la plupart des cas, ni les femmes ni leurs partenaires ne savent comment s’adapter aux modifications de l’appareil génital lorsque le niveau des oestrogènes baisse. Or pour que les femmes ménopausées continuent à prendre du plaisir il existe des solutions : l’usage d’un lubrifiant (au silicone ou à l’eau) est essentiel au plaisir des deux partenaires ; certains mouvements périnéaux, la contraction du bas-ventre et des fesses, peuvent aider la lubrification naturelle.
On peut aussi recourir à la vitamine E sous forme de crème ou d’ovule, avant tout traitement aux oestrogènes, controversé aujourd’hui.
La meilleure recette, lorsqu’elle est possible, reste une sexualité régulière, qui maintient naturellement la lubrification. L’excitation améliore le flux sanguin et diminue la menace d’atrophie génitale. On note même que, certaines femmes, n’ayant plus rien à prouver lâchent totalement prise et leurs rapports sexuels sont de véritables fêtes, avec ou sans démon de midi.
Si le Viagra féminin, la Flibanserin, (qu’on le commercialise un jour ou non) est un dérivé d'un antidépresseur, cela confirme à quel point le culturel et le psychologique prennent le pas sur le physiologique dans la gestion de la ménopause.
Une alimentation différente, une vision joyeuse de la ménopause et un appétit sexuel entretenu, ne sont certes pas des méthodes scientifiquement reconnues pour garantir la disparition des symptômes de la ménopause, mais force est d’admettre que le cortex est une fois de plus le moteur de nos comportements ; il ne tient qu’à nous d’entrevoir cette période différemment.
* En juin 2010, la Food and Drugs Administration a interdit la commercialisation de la Flibanserin, (« le Viagra féminin ») au prétexte qu’il n’améliorerait pas significativement le désir féminin.
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