A 54 ans, Sima Samar pourrait être la détentrice du prochain prix Nobel de la paix. Cette ancienne militante d’extrême gauche est aujourd’hui présidente de la Commission indépendante pour les droits de l’Homme en Afghanistan. Tour à tour médecin, vice-présidente de la République d’Afghanistan (à titre provisoire) et ministre de la condition féminine, elle se bat depuis 40 ans pour que les Droits de l’Homme soient également appliqués aux femmes afghanes et malgré les menaces de mort dont elle est régulièrement victime, cette égérie de la cause féminine refuse de se détourner de son combat. Interview.
Sima Samar : Je remercie les personnes qui m’ont nominée pour le prix Nobel de la paix ; c’est la reconnaissance de la souffrance des femmes en Afghanistan. Si j’obtiens cette distinction, elle m’encouragera à poursuivre mon travail, me fera bénéficier d’une certaine protection. Surtout, pour une fois, on parlera du pays en termes positifs, pour annoncer une bonne nouvelle et non en raison des violences qui l’agitent.
S. S. : Bien sûr, on a pu noter quelques améliorations depuis la chute du régime Taliban, mais il reste encore beaucoup de travail à accomplir. Le jour où, en Afghanistan, toutes les femmes auront accès aux services sociaux élémentaires, jouiront pleinement de leurs droits socio-économiques et seront traitées avec dignité, alors nous pourrons dire que les droits des femmes sont respectés. Mais nous n’en sommes pas encore là. L’égalité des droits que la Constitution accorde aux femmes doit désormais être appliquée sur le terrain.
S. S. : Le manque évident de volonté politique en ce qui concerne la valorisation des femmes, qui représentent pourtant la moitié de la population en Afghanistan, est un véritable obstacle. En effet, la plupart du temps, ces dernières sont ignorées ou dénigrées. La non-application des lois est également un problème majeur, tout comme le fait de prétexter le respect de la religion ou de la culture afghane pour empêcher la communauté internationale de s’intéresser de plus près à la condition féminine dans le pays. Enfin, conséquence de longues années de répression et de violence, les femmes afghanes n’ont pas accès à l’éducation et manquent de confiance en elles.
S. S. : Permettre l’égalité entre les citoyens, l’accès à la justice et mettre un terme à la culture de l’impunité sont ma priorité. Je ne crois pas que la paix soit possible sans justice, elle ne serait qu’éphémère. Le principal ordre du jour consiste donc à instaurer une paix durable en Afghanistan.
Crédit photo : The Advocates for Human Rights
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