C'est ainsi qu'est présentée l'enquête menée par l'Ifop pour le site Gleeden. Par une question sans équivoque, pensée pour sonder quelles concessions seraient prêt·es à faire les Français·es pour trouver l'amour : "Coucheriez-vous avec un électeur Zemmour ?". Et vraisemblablement, le polémiste et sa politique d'extrême-droite incarnent une ligne à ne pas franchir, même lorsque qu'en face, l'autre nous plait. Surtout chez les femmes.
64 % des répondant·es sur les 2 002 personnes âgées de 18 ans et plus qui ont participé au questionnaire en ligne "refuseraient [ainsi] toute perspective de couple avec un partisan du polémiste". Un chiffre qui monte à 70 % chez les répondantes.
"Aux yeux des Français·es, l'électeur Zemmour apparaît, et de loin, comme l'électeur le plus 'misogyne' (43%), 'homophobe' (45%) ou 'difficile à présenter' à des proches (36%)", note l'étude. "Dans une société de plus en plus sensible aux droits des femmes ou des LGBT, voter Zemmour constitue donc pour beaucoup un motif de disqualification sociale pour tou·te·s ceux et celles jugeant ses positions inconciliables avec leurs valeurs profondes." Rassurant.
De plus, "42% des Français·es déclarent aujourd'hui qu'ils·elles quitteraient leur conjoint s'il votait pour Éric Zemmour, sachant que leur proportion monte à 57% chez les femmes de moins de 25 ans". Dans les faits, 22 % des interrogé·es seulement on mis un terme à un début d'histoire pour cause de différends politique, mais cette proportion passe à 50 % chez les jeunes.
Autre phénomène mis en exergue : la façon dont certains n'hésitent pas à prôner des valeurs progressistes pour "arriver à leurs fins". Un Français sur six, exactement.
On vous le détaillait ici, le wokefishing, c'est la façon dont une personne va prétendre défendre les droits des femmes, de la communauté LGBTQIA+, combattre fermement le racisme... dans le but de séduire puis par la suite, de conclure.
Et par une "personne", bien souvent, il s'agit d'un homme cisgenre. "L'adoption de techniques de séduction fallacieuses consistant à dissimuler ses idées pour arriver à ses fins apparaît avant tout comme une pratique masculine", observe en ce sens l'enquête. 16 % des interrogés avouent y avoir déjà eu recours contre 6 % des participantes.
Seulement, quand le masque tombe et que les vraies convictions s'affichent, cette situation peut avoir de réelles répercussions dans la relation. Par exemple, en créant un malaise qui se fera ressentir "sur la sociabilité du couple au regard du nombre significatif de personnes qui, pour ce même motif, ont déjà veillé à éviter de parler politique (39%) en présence de proches, voire ont même évité de leur présenter leur conjoint (30%) pour ce motif", remarque encore le rapport.
Et François Kraus, directeur du pôle "Politique / Actualités" et responsable de l'expertise "Genre, sexualités et santé" de l'Ifop, de conclure : "En dépit d'une tendance à la désaffection des urnes et à la désidéologisation des identités politiques, les Français·es expriment toujours, dans leur couple, le besoin de partager une même vision du monde ou, du moins, un minimum d'idées et de valeurs communes."