Pour que la honte change de camp !
Ca, c'est le sous titre d'un documentaire événement à découvrir actuellement sur le site de francetélévisions, gratuitement, en replay. On y entend les témoignages de nombreuses victimes d'agressions sexuelles et de viols... Sous soumission chimique. Car c'est là le grand sujet de ce programme qui vise à sensibiliser le plus grand nombre à cet acte dont la dénomination n'a que très récemment gagné en familiarité auprès du grand public. Et qui exige encore d'être mis en mots, pour ne plus susciter ignorance ou incompréhension.
La soumission chimique, c'est une expression que l'on a effectivement beaucoup entendu ces derniers mois au sein de l'espace médiatique. Qu'il soit question du retentissant procès des viols de Mazan, historique en ce qui concerne le traitement par la justice des violences patriarcales et de la culture du viol, ou de l'affaire P Diddy outre atlantique.
Autrement dit, de victimes de viols, inconscientes durant ces violences sexuelles subies, violences dont elles ne gardent aucun souvenir, de par les substances imposées à leur corps la veille, altérant leur état de conscience, et leur imposant de fait une emprise : une soumission, littéralement.
C'est par exemple ce dont témoigne Léa, 19 ans.
Qui a décidé de confronter ses agresseurs.
Léa s'exprime dans le documentaire de francetv, mais également sur le plateau de C à Vous.
Au sein du talk show, elle revient sur ce dont elle a été victime. Léa accuse deux hommes de viols sous soumission chimique, durant une soirée. "Partie célébrer la fin des vacances en boîte de nuit, deux militaires lui offrent un verre et proposent de la raccompagner. À partir de ce moment, tout devient flou…", synthétise à ce titre le documentaire.
Comme un black out, ou plutôt, des trous noirs partiels, systématiques. "Des images très floues, désordonnées, me sont revenues à l'esprit. Ce n'était pas un blackout donc, c'est à dire un trou noir absolu", explique Léa.
Et la principale concernée de briser le silence...
"En fait je vais peu à peu reprendre possession de mon corps lors de mon viol : lors de la première pénétration par l'un des deux hommes", relate Léa. "J'étais pourtant incapable de bouger, même si je pouvais hurler, bouger. J'ai dit à mes agresseurs : non. J'ai eu des mots. Mais j'étais comme spectatrice de la scène. Dans un état cotonneux".
Et la jeune femme de s'exercer à décrire cette "soumission", alors qu'elle sent son corps totalement paralysé. "Quand on est dans cet état, on a beau crier, essayer de se défendre, notre corps en est incapable... j'avais tout simplement plus du tout d'énergie... On est comme détachés de son corps".
Dans le documentaire de francetv, Léa confronte l'un de ses agresseurs. La séquence est terrible.
On voit effectivement l'une de ses amies appeler l'un des deux hommes, qui avait donné à Léa son numéro de téléphone au sein de la boîte de nuit. La conversation est enregistrée et la situation est également filmée.
L'interlocuteur avoue avoir été conscient de l'absence de consentement de Léa durant cette soirée, alors qu'elle était sous soumission chimique et tentait de dire "non". Et donc, être conscient de l'avoir violée. Ce qui s'apparente dès lors à des aveux. Même si, précise-t-il, "il n'en avait pas l'intention".
Il détaille : "C'est vrai qu'elle voulait pas, quand on l'a fait. Je sais qu'elle était pas consciente. Malheureusement il s'est passé ce qu'il s'est passé. Au début moi, je voulais pas non plus... C'est mon pote qui m'a poussé à le faire". Le dialogue qui suit est "lunaire" pour ne pas dire glaçant et surréaliste : "Donc ton pote te dit de violer une meuf, et du coup toi tu le fais ?".
Réponse de l'interlocuteur au bout du fil : "Oui, je sais, c'est justement ça le problème".
La finalité juridique de l'affaire sera loin de satisfaire la jeune femme.
Et Léa de le déplorer aujourd'hui auprès d'Anne Elisabeth Lemoine, devant les caméras de France 5 : "Mes agresseurs ont avoué leurs actes, mais c'est mon consentement qui a été remis en question. Ce n'est pas que l'on considère que j'étais consentante pour autant... Mais c'est donc ma parole contre la leur".
Cela fait trois longues années que l'interlocutrice attend une mise en examen.