Une femme pour incarner James Bond ?
Pour la révélation de la série Mercredi (immense carton sur Netflix) et de la saga Scream, c'est la pire idée qu'on pourrait avoir Hollywood. Désormais à l'affiche de Beetlejuice Beetlejuice, qui marque sa nouvelle collaboration avec Tim Burton, Jenna Ortega y est allée de son coup de gueule. Controversé peut être, mais salutaire.
En fait, ce que dégomme Jenna Ortega, c'est le gender swap. Autrement dit, la manière dont Hollywood va "rebooter" ses classiques en remplaçant tout simplement les protagonistes masculins par des personnages féminins. Sans forcément déployer de grands efforts derrière.
Cela, c'est plutôt l'opinion de l'interprète caustique de Mercredi Addams, et antagoniste furieuse de la popstar Sabrina Carpenter dans son dernier clip, "Taste". Elle raconte : "J’aime le fait qu’il y ait beaucoup plus de protagonistes féminines dans les productions hollywoodiennes de nos jours, je pense que c’est tellement important", a détaillé la jeune actrice. "Mais...".
Mais quoi ?
"Mais", précise tout de go Jenna Ortega : "Je n'aime pas quand cette proposition de protagonistes féminines prend la forme d'un spin-off [une déclinaison d'une franchise célèbre dédiée à un personnage en particulier, ndlr] – je ne veux pas voir une 'Jamie Bond' par exemple. Vous voyez ? Je veux voir à l'écran un tout autre personnage féminin 'badass'..."
Bref, imaginer de tout nouveaux personnages sans puiser sempiternellement dans les mêmes franchises... C'est pertinent, d'autant plus que cette manoeuvre hollywoodienne ressemble trop souvent à du pur "feminism washing" : un remake prétendument "féministe" d'un film mais dont le féminisme justement n'est qu'opportuniste et purement mercantile...
Est-ce vraiment une bonne idée de "féminiser" les icônes pop comme le fait Hollywood ? Le SOS Fantômes de Paul Feig, révision "girl power" du classique des années 80, mais aussi Ocean's 8 en 2018, récit du casse délicat opéré par la soeur de Danny Ocean (en la personne de Sandra Bullock, héritière symbolique de George Clooney) semblaient nous suggérer que... Bof, pas vraiment.
On se souvient des mots si percutants du média américain féministe Jezebel à ce propos : "Ces films inversant les genres sous-entendent que les femmes ne sont pas assez importantes pour avoir leurs propres histoires et doivent donc s'appuyer sur des sagas masculines qui ont déjà eu du succès".
Les mots de Jenna Ortega ne résonnent pas dans le vide !
L'an dernier encore, une autre célèbre actrice tenait exactement les mêmes paroles. Star de Mourir peut attendre, dernier opus de l'agent au service de sa Majesté, Ana de Armas s'est à l'unisson opposée à cette idée. Et ce pour une raison féministe. Tout à fait.
A The Sun, l'actrice de 34 ans fustigeait : "Il n'y a pas besoin d'une femme James Bond. Il ne devrait pas y avoir besoin de voler le personnage de quelqu'un d'autre pour le féminiser. Ce que j'aimerais, c'est que les rôles féminins dans les films 007 soient mis en scène d'une façon différente. Il faut qu'on leur donne plus de substance !"
"C'est ce qui me semble plus intéressant plutôt que de renverser les choses"
Et c'est précisément ce qu'avait expliqué Daniel Craig lui-même au micro de RadioTimes : "Il devrait simplement y avoir de meilleurs rôles pour les femmes et les acteurs de couleur. Pourquoi une femme devrait-elle incarner James Bond quand on pourrait trouver des rôles aussi bons que James Bond, mais pour une femme ? Créons simplement plus de personnages féminins"