Numero uno dans la catégorie Musique de YouTube avec près de 36 millions de vues cumulées en à peine cinq jours et approximativement 58 000 commentaires, des tonnes d'hommages, de threads et de théories de fans diverses sur les réseaux sociaux... Avec le clip de "Taste", la sensationnelle Sabrina Carpenter, reine des charts via son tube "Expresso", vient tout simplement de casser Internet.
Mais aussi, de réjouir les férues de cinéma d'horreur du monde entier, et autres amatrices de films quelque peu énervés, sanglants ou revendicateurs, en déployant une vidéo gore, délirante, irrévérencieuse, signée du metteur en scène Dave Meyers... 3 minutes durant, on y voit effectivement celle qui à 26 ans seulement vient de sortir son sixième album ("Short'n'Sweet") se bagarrer avec l'une des stars les plus populaires de la génération Z : Jenna Ortega
La vedette de la série Mercredi et de l'imminent Beetlejuice Beetlejuice de Tim Burton, mais aussi de la nouvelle franchise Scream, y bataille sans pitié contre Sabrina, à grands éclats de violence "cartoon" décomplexée et d'exubérances qui dépassent même le stade de l'irréalisme. Ortega, actrice bien connue des fans de cinéma de genre d'ailleurs...
Et le clip en question, par-delà l'air pop hyper entêtant qui l'accompagne, invoque tant d'icônes féminines tout droit issues du ciné horrifique qu'on a cru bon de partir à la chasse aux références.
Indispensable pour s'y retrouver. Suivez le guide !
C'est LA référence cruciale pour comprendre le clip.
Deux divas très élégamment vêtues - robes noires tendance gothique en évidence - qui s'entretuent sans jamais cependant pousser leur dernier souffle, la rixe sauvage vrillant à l'épisode de Bip Bip et Coyote en version live... C'est ce qui arrive justement à Goldie Hawn et Meryl Streep dans cette comédie noire très réjouissante de Robert Zemeckis, qui sous couvert de fantastique déploie une charge satirique particulièrement féroce contre l'usine à rêves et son obsession des corps parfaits, l'injonction à la chirurgie esthétique, le fantasme de la jeunesse éternelle imposé aux femmes, notamment aux actrices...
La "scène du fusil" en vue subjective, qui constitue l'un des grands "climax" du clip imaginé par Dave Meyers et Sabrina Carpenter, fait office d'hommage le plus limpide à cette grande fable sarcastique sur le patriarcat et la rivalité féminine.
Bah oui, qui dit Jenna Ortega dit forcément Scream !
Pierre angulaire du "néo-slasher", revisite cérébrale et multi-référentielle d'un sous genre de l'horreur consistant avant tout en la traque de jeunes (et de jeunes femmes) par un psychopathe solidement armé, le classique de Wes Craven n'a pas pris une ride, grâce à la malice de ses dialogues, son jeu avec les codes les plus éculés du cinéma de genre, et sa protagoniste forte : Sidney Prescott, alias Neve Campbell. Et depuis Scream 5, Jenna Ortega et Melissa Berrara sont venues enrichir cet imaginaire d'une nouvelle sensibilité.
L'heure n'est plus vraiment aux "scream queen" d'antan, ces victimes hurlantes courant à tout va. Dans le clip de "Taste", l'absence de limites de Jenna Ortega, loin de la proie candide et angoissée, prenant délicatement en mains une lame bien aiguisée, semble se référer à la toute fin de Scream 6 - où Ortega met à mal son assaillant, punchline sévèrement badass en supplément.
Un couteau, des oripeaux noirs (comme la tenue de "Ghostface"), jeu complice avec les références ciné... Plus Scream que jamais. On aime.
Un clin d'oeil qui semble plus théorique... Mais plus puissant encore !
Le chef d'oeuvre de David Lynch, plus grand film de 21ème siècle (c'est factuel), nous immerge dans un monde très proche du cinéma d'horreur. Rêves et cauchemars ne font qu'un, la réalité n'y est qu'un prétexte, les angoisses s'avèrent omniprésents, il est de nouveau question d'une traque, et enfin, les scènes terrifiantes marquent la rétine - celle du diner est restée dans les mémoires.
Mais surtout, en son coeur, on trouve Diane et Rita, c'est à dire une blonde, et une brune, comme les deux faces naturellement hitchcockiennes d'une même pièce (l'une devient volontiers l'autre en portant une perruque). Naomi Watts et Laura Harring incarnent ces personnages très fantasmagoriques, qui d'ailleurs... Finiront dans les bras l'un de l'autre, l'espace d'un sulfureux baiser lesbien.
Baiser lesbien... Qu'on retrouve dans ce clip. Puisqu'il est partagé par Jenna et Sabrina. Love is love. Même si certains fans ont pu envisager dans cette séquence d'amour entre femmes un écho explicite à Jennifer's Body, un véritable classique du cinéma d'horreur féministe, unissant Megan Fox et Amanda Seyfried.
Une image parmi d'autres, géniale : Jenna Ortega munie d'une tenue d'infirmière et d'un bandeau sur lequel figure une croix rouge. C'est un clin d'oeil évident à l'antagoniste assassine incarnée par l'iconique Daryl Hannah dans Kill Bill : volume 2, personnage d'infirmière redoutable qui verra sa destinée s'achever dans un bain de sang... L'occasion pour Quentin de conférer à cette super actrice une partition qui l'émancipe de performances insignifiantes imaginées par des mecs en manque de folie - son rôle de sirène sans dialogues dans le Splash de Ron Howard.
Personnage féminin aussi impitoyable que "dure à cuire" qui comme tous les personnages de Tarantino se référait d'ailleurs naturellement à un autre, à savoir l'héroïne du film d'exploitation très très bis et craspec Thriller : a cruel story. Elle Driver est inspirée du personnage incarné par Christina Lindberg dans ce "rape and revenge" adulé par le réalisateur.
Repéré par des fangirls et fanboys absolus sur les réseaux sociaux : ce plan très fort où notre pauvre Sabrina Carpenter se retrouve plantée sur une barrière... Fulgurance gore que beaucoup sont venus associer, plus qu'aux exubérances de Robert Zemeckis, à cette perle du ciné horrifique des années 2000 : Ginger Snaps, relecture féministe du mythe du loup-garou. Un classique pour quiconque s'intéresse à la représentation de la féminité dans cet imaginaire. Et auquel Sabrina Carpenter et Jenna Ortega ne pouvaient guère échapper.
Maintes fois copiée, jamais égalée : yep, la scène de la douche du chef d'oeuvre d'Alfred Hitchcock figure bel et bien dans le clip de "Taste". C'était inévitable. Film par ailleurs cité dans Scream - qui évoque avec amusement le nom de Norman Bates, autrement dit le personnage un brin tourmenté incarné par Anthony Perkins dans ce classique.
Mel Brooks et Brian De Palma, sans oublier quantité de "slasher movies", se sont tous référés à cette scène de meurtre où l'effet le plus traumatisant demeure les "coups de couteau sonores" du compositeur Bernard Hermann. Jenna Ortega se plaît ici, tout sourire, à réécrire le mythe. En inversant encore une fois les rôles...
L'interprète de Mercredi Addams se plaît à glisser d'une référence à l'autre tout au long de ces trois minutes hyper pop, entre poupées maléfiques et tronçonneuse, arme atypique qu'elle brandit comme dans le bien nommé... Massacre à la tronçonneuse. Autre choc dont l'on a jamais oublié l'actrice : Marilyn Burns. Iconique.