C'est une décision que toutes les associations LGBTQA de Grande-Bretagne ont qualifié de "sensible" et d'"intelligente". L'école privée pour filles Saint-Paul, dans l'ouest londonien huppé, a annoncé par la voix de sa de sa cheffe d'établissement Clarissa Farr qu'elle examinerait désormais toutes les demandes d'étudiantes de 16 ans ou plus d'être formellement identifiées soit comme garçon, soit de genre neutre.
Ce "protocole d'identité de genre" mis en place par Saint Paul n'est pas fortuit : d'après la directrice, il répond à une forte demande des étudiantes. "Nous avons consulté les élèves pour savoir quels étaient leurs problèmes. Leur principale préoccupation a été de prendre soin des personnes qui ne veulent pas être identifiées à un sexe ou à un autre", explique Clarissa Farr à The Sunday Times.
L'école privée, qui déclare "adopter une position neutre" vis-à-vis de la fluidité sexuelle, affirme "n'encourager ni ne décourage" la décision d'élèves souhaitant être associées à un sexe autre que celui de leur naissance. "Je vois cela comme un phénomène social, en particulier à Londres, qui fait beaucoup parler les dirigeants d'école", estime Clarissa Farr.
Pour être identifiés au genre masculin ou neutre, les élèves devront se plier à un protocole précis : ils devront envoyer une demande écrite dans laquelle ils exposent leur souhait et leurs arguments, avant de recevoir des conseils et un soutien pastoral pour "les aider à réfléchir et à débattre sur l'identité de genre". Toutes les demandes d'étudiantes de moins de 16 ans qui s'interrogeraient sur leur identité sexuelle seront examinées, a affirmé la direction de l'établissement. D'après cette dernière, 10 élèves auraient déjà pu bénéficier de ce protocole d'identité de genre.
Malgré la présence de "conseils pastoraux", les associations de défense des personnes LGBTGA ont salué l'initiative de l'école Saint Paul. "Cette décision signifie l'on supporte les filles de Saint Paul dans un monde où toutes les personnes sont acceptées, sans exception", a déclaré un porte-parole de l'association Stonewall.
Sue Sanders, présidente de l'association Schools Out, qui vise à promouvoir l'égalité pour les étudiants transgenres et LGBT dans les écoles, s'est aussi exprimée dans le Guardian. "Nous saluons tous les efforts faits pour soutenir les jeunes sur les questions d'identité trans et le sexe, et qui veillent à ce qu'ils se sentent heureux, accueillis et acceptés à l'école. "La fluidité des genres chez les jeunes est devenue plus prononcée depuis trois ou quatre ans. Il y a une volonté croissante chez les jeunes génération à défier les contraintes binaires", se réjouit-elle.
Seule obligation pour les élèves ayant entamé un processus d'identification à au genre masculin ou neutre : continuer d'utiliser leur sexe de naissance pour passer des examens publics. Ils resteront aussi identifiés en tant que filles sur le site de l'école et sur leurs bulletins scolaires, rapporte The Independent. Si un élève achevait pleinement sa transition en changeant légalement de sexe, il ne pourrait plus non plus étudier à Saint Paul, qui est une école non-mixte explique sa directrice. "L'école ne peut pas admettre des élèves qui sont physiquement et/ou légalement de sexe masculin. Elle ne sera donc naturellement pas en mesure de continuer à éduquer tous ceux qui ont accompli pleinement leur transition et sont devenus physiquement et/ou légalement de sexe masculin."