Mia Matsumiya est active sur Internet depuis longtemps. Elle a monté des blogs, eu un compte MySpace, puis comme tout le monde, s'est finalement mise à Facebook, Twitter et Instagram. Mia est violoniste, elle a joué dans des groupes de rock et a su utiliser le web pour faire connaître son travail. Mais à mesure qu'elle gagnait en notoriété, la jeune femme s'est mise à recevoir des messages sexuellement explicites et parfois très violents de la part d'hommes qu'elle ne connaissait pas. Interrogée par Dazed , elle raconte avoir reçu son premier message en 2001 ou 2002. A l'époque, un homme lui expliquait son rêve d'être rôti et mangé vivant par une femme. Complètement flippée par ce qu'elle venait de lire, Mia Matsumiya a donc archivé ce message.
Les messages ont continué d'affluer, toujours plus violents, et la violoniste a continué d'en faire des captures d'écran pour les ranger dans un dossier qu'elle avait baptisé "Flippant". Comme elle l'explique à Buzzfeed , le dossier est devenu de plus en plus conséquent au fil des ans. Aux messages sexuels se mêlent peu à peu les menaces de viol puis de mort. Lorsque la jeune femme fait finalement appel à la police, on lui "conseille d'éteindre son ordinateur". Particulièrement harcelée par le même homme pendant plusieurs mois, elle se rend compte un jour que ce dernier vient d'être arrêté. Il s'en prenait également à une autre femme asiatique et sur son disque dur "les policiers ont trouvé des tonnes de photos de moi et des centaines de pages sur lesquels il avait écrit des histoires dans lesquelles il me harcelait et me violait. C'était très terrifiant".
Interrogée par le Huffinton Post, Mia Matsumiya raconte que ce harcèlement intempestif a fini par complètement la désensibiliser : "C'est arrivé à un point où quelqu'un pouvait m'envoyer le message le plus acerbe, le plus raciste, le plus violent - comme des menaces de viol ou de mort – et je réagissais à peine". Fort heureusement, cette sorte de déni a laissé place à la colère : "Je ne méritais pas d'être traitée comme ça et les autres femmes non plus. J'ai décidé qu'il fallait que je fasse quelque chose, alors j'ai créé ce compte Instagram".
Le compte Instagram en question a pour nom "perv magnet" (aimant à pervers) et compile dix années de messages glauques, dégoutants et violents reçus par Mia. La plupart des retours sont positifs et les femmes sont nombreuses à partager leurs histoires de harcèlement en ligne avec elle. Ironie du sort, des hommes qui l'ont autrefois menacé sur Internet lui demandent de ne pas publier les horreurs qu'ils ont pu lui envoyer : "J'ai reçu un nombre impressionnant de messages de la part d'hommes qui me disaient : 'Hey, je t'ai peut-être écrit des trucs un peu bizarres il y a sept ans. J'en suis vraiment désolé'. Ils sont terrifiés à l'idée que je partage leurs messages".
Avec ce compte Instagram, Mia Matsumiya espère bien faire réfléchir les hommes à leurs actes, leur faire comprendre qu'un message balancé derrière un écran peut avoir un impact terrible sur celle qui le reçoit. "Je veux vraiment que toute cette attention soit focalisée sur les messages et pas sur moi. Je veux que ces messages démontrent les choses folles, effrayantes et inacceptables que les femmes reçoivent en ligne", conclut-elle.