La révolution sera skateboardée.
A Amsterdam, le tout premier skate-park exclusivement dédié aux femmes et aux personnes LGBTQ+ vient d'ouvrir en ce mois d'août. On reconnaît bien là le côté précurseur des Pays Bas. Une forme d'espace "women only" (ou presque), pensé par les organisations Women Skate the World et New Wave, et qui se déploie en réaction à un milieu encore trop sexiste.
Oui, on va arrêter très vite ceux qui voient là une forme d'ostracisation, d'exclusion, de sexisme à l'envers et autres inepties. La vérité, c'est que le sexisme est loin d'être étranger au milieu. Dans les skateparks, il n'est jamais facile à vivre, même au sein des grandes villes. Exemple ?
En région parisienne, la super association Realaxe forme depuis quelques années les débutantes adeptes de la planche. Et l'une des entraîneuses déclarait dans nos pages : "Il y a encore trop de témoignages de filles qui disent qu'elles se sont senties exclues, épiées, traitées comme des 'poseuses' par certains garçons dans les skateparks".
"Quand tu es nouvelle et que tu débarques pour t'entraîner, tu as toujours l'impression qu'on te regarde de travers. Vu que les mecs n'ont pas forcément l'habitude de voir des meufs, ils vont se demander : 'Qu'est-ce qu'elle vaut ?' ou 'Est-ce qu'elle sait faire des tricks ?'".
D'où la force d'une initiative comme celle d'Amsterdam.
Conscientes de ces mécaniques sexistes, les meufs et marginalités se sont de plus en plus réappropriées l'espace, planches en mains. Et ce même avant que le skate investisse les Jeux olympiques de Tokyo. Popularité inouïe sur les réseaux sociaux de légendes du genre comme Leticia Bufoni, skateuses quasi pro qui relaient leurs prouesses sur TikTok, séries à succès sur le sujet (Betty, sur HBO), associations diverses à travers le monde...
On pense à ce titre aux initiatives très remarquées des Brujas, un collectif underground de skateuses féministes. En espagnol, "Brujas" veut dire "Sorcières", ce qui en dit long sur l'irrévérence joyeuse de la chose. Et quelque part, la dimension engagée de s'imposer sur les parks quand on est une meuf.
Le skatepark pensé pour les meufs et les personnes LGBTQ semble poursuivre cette logique au sud d'Amsterdam. Paré d'un logo aux couleurs de l'arc en ciel, le rainbow flag de la communauté LGBTQ, il prend place dans un ancien entrepôt, comme le relate 20 minutes. L'idée de ce projet accueilli avec enthousiasme est aussi de laisser la place aux personnes queer, encore trop invisibilisées sur cette scène pourtant contre-culturelle - à l'origine.
C'est important car cette avancée-là, la visibilité des sportifs LGBTQ, prend beaucoup de temps. Tel que le relate le journal, les coming out (gays, lesbiens, bis, trans) des sportifs sont encore trop rares. Personne trans responsable du skatepark, Zonne Zuijderland se réjouit du saut en avant que représente cependant ce lieu : "J'ai l'impression d'avoir l'espace pour être moi-même et pour skater et m'amuser avec des amis, c'est tout ce que nous voulons".
Plus qu'un skate park : un safe space !