C'est quoi au juste, la virilité ?
Notre "Beau Gosse" national, Vincent Lacoste, s'est posé la question. Ce que la philosophe féministe Olivia Gazalé définit comme un "mythe" n'échappe pas au jeune comédien Césarisé, actuellement à l'affiche du beau mélodrame "Le temps d'aimer" aux côtés de sa consoeur et amie Anaïs Demoustier. Et si on associait encore trop de clichés et préjugés très "vieux monde" aux mecs, style "les garçons ne pleurent pas" et autres absurdités passéistes ?
C'est clairement ce que suggère Vincent Lacoste, qui s'est confié en interview. Alors qu'il interprète à l'écran un homosexuel, quelques années après le meilleur rôle de sa carrière (dans l'histoire d'amour "Plaire aimer et courir vite" de Christophe Honoré), le comédien a envoyé valser les stéréotypes de genre.
Et affirmé chez Clique : "Une personne qui assume sa sensibilité et ses émotions est séduisante !". Sensible is the new sexy ?
Auprès de Mouloud Achour toujours, entre deux démonstrations de moonwalk, Vincent Lacoste a développé sa longue introspection sur les mecs : "Un sensible ne se reconnaît pas dans les clichés virilistes qu'on colle aux hommes !". Il serait donc peut être temps de passer à autre chose et changer le disque ?
Cette sensibilité, l'acteur qui a côtoyé Virginie Efira, Louise Bourgoin et Julie Delpy, en a carrément fait un leitmotiv. La preuve ? En Une du magazine Têtu, référence des cultures LGBTQ, le comédien apparaît comme l'incarnation d'un phénomène de société : "la revanche des sensibles".
Ca résonne comme un mouvement militant !
Ou en tout cas, comme un vrai courant culturel. Et générationnel ! Une autre star en pleine actu, Timothée Chalamet, interprète de Wonka (le chocolatier imaginé par Roald Dahl) dans le film éponyme, assume par exemple la même sensibilité décomplexée. L'acteur est au coeur d'un essai passionnant d'Aline Laurent Mayard sur les stéréotypes de genre, les nouvelles masculinités et cette sensibilité au masculin justement : "Libérés de la masculinité, Comment Timothée Chalamet m'a fait croire en l'homme nouveau".
Pour l'autrice, vingtenaires ou jeunes trentenaires rendent compte de cette remise en question : "il y a plusieurs masculinités, tout comme il y a plusieurs féminités. Il n'y a pas une seule bonne façon d'être un homme, même s'il y a des façons d'être un homme plus positives et agréables".
"Ce que prouvent les nouvelles stars, comme Timothée Chalamet, Tom Holland et Harry Styles, c'est que les hommes qui ont le plus de succès en ce moment sont ceux qui sont à l'opposé du bad boy, privilégient dans leurs apparitions publiques une certaine gentillesse, tendent à traiter les femmes dans un rapport d'égalité".
"Ces anti-bad boys représentent quelque chose dont les gens ont envie désormais. Les gens ont envie d'être traités avec respect. Etre "gentil" n'enlève rien au sexy, aux fantasmes, au sex appeal".
"La vulnérabilité est la clef de la lutte contre les inégalités, et de la fin de ce système inégalitaire. Si les personnes ne parviennent pas à éprouver leurs sentiments, les exprimer, on y arrivera pas".
"Cette vulnérabilité-là est une force en vérité !"
Libérés de la masculinité : comment Timothée Chalamet m'a fait croire en l'homme nouveau, Editions JC Lattès, 233 p.