Le nombre de plaintes déposées pour violences sexuelles a augmenté par rapport à octobre 2016. Selon l'AFP, 360 cas supplémentaires de harcèlement sexuel, agressions sexuelles et viols ont été recensés dans les gendarmeries. Une hausse "exceptionnelle", liée en partie à la libération de la parole des femmes, suite à l'affaire Weinstein.
Une note envoyée aux militaires et aux préfets le 10 novembre par le directeur général de la gendarmerie nationale, Richard Lizurey, indique que "la lutte contre les violences faites aux femmes exige une mobilisation de l'ensemble des échelons et unités de la gendarmerie nationale et s'inscrit dans le cadre d'une manoeuvre globale, associant tous les partenaires en charge de la prévention et de l'accompagnement des victimes". Ce dernier met également en garde contre les violences virtuelles et appelle à être vigilant "à la détection et la matérialisation des cyber-violences ou des victimes exprimant leur détresse sur internet", un "phénomène qui tend à s'amplifier".
Les témoignages de centaines de milliers de femmes, notamment sur les réseaux sociaux grâce aux #Balancetonporc et #Metoo, illustrent l'étendu de ce fléau trop longtemps passé sous silence. A tel point que le général Richard Lizurey a ajouté une note manuscrite : "Je compte sur chacune et chacun d'entre vous pour tout mettre en oeuvre afin de lutter avec détermination et efficacité contre les violences faites aux femmes".
Selon une enquête menée par l'Institut national d'études démographiques (INED), intitulée "Violences et rapports de genre" (Virage) et publiée en 2016, 580 000 femmes sont victimes de violences sexuelles chaque année : 11% dénoncent des attouchements au sexe et 95% aux seins, aux fesses ou évoquent des baisers forcés. On estime, selon cette même étude, que le nombre de viols ou de tentatives de viols serait de 62 000 par an. Seulement 10 % des femmes qui en sont victimes portent plainte et seuls 3 % des cas débouchent sur un procès en cour d'assises. Autre chiffre frappant : 93% des plaintes pour harcèlements sexuels sont classées sans suite.
D'après une enquête menée par le Défenseur des droits et publiée en 2015, une femme sur cinq a été victime de harcèlement sexuel au travail : 40% de celles qui ont alerté leur hiérarchie estiment que cela a eu des conséquences négatives pour elles, notamment sur leur contrat de travail dans 26% des cas. Une étude nationale des morts violentes au sein du couple en 2016, publiée sur le site du Ministère de l'Intérieur, avançait également que 138 personnes étaient décédées sous les coups d'un partenaire ou d'un ex-partenaire l'année dernière. Parmi elles, 109 étaient des femmes et 29 étaient des hommes. Sur les 28 femmes auteures de ces homicides (le dernier s'étant produit au sein d'un couple homosexuel), 17 étaient victimes de violences de la part de leur partenaire.
L'affaire Jacqueline Sauvage, condamnée en appel à 10 ans de prison pour avoir abattu son mari violent de trois coups de fusil en 2012, puis graciée par François Hollande en 2016, illustre la détresse de ces femmes battues qui ne parviennent plus à trouver d'issue. Elle déclarait par ailleurs, en janvier dernier, sur le plateau de France 2 : "Je le sais, tout est de ma faute : même si j'étais terrorisée et démunie, j'aurais dû trouver le moyen de quitter mon sale bonhomme, ou du moins de porter plainte et de l'expédier en détention... Mon mari m'avait coupé du monde".
Début novembre, la police britannique a lancé une campagne de sensibilisation pour inciter les femmes victimes de viol à déposer plainte, avec un film de 5 minutes montrant le viol d'une jeune femme et la façon qu'elle a par la suite de se murer dans le silence en faisant disparaître les preuves de son agression. Un mécanisme d'auto-défense visant à réprimer ce qui s'est passé pour y survivre, mais qui revient à innocenter le coupable.
La Police nationale française a également communiqué sur la nécessité de porter plainte. Sur son compte Twitter, elle affirmait le 20 octobre dernier, que "de jour comme de nuit, des policiers spécialement formés accueillent les victimes dans les commissariats".
Interrogé sur le sujet à la mi-octobre lors de son passage sur TF1 et LCI, le président Emmanuel Macron avait promis la création d'une police de proximité dont "la priorité sera la lutte contre le harcèlement, notamment dans les transports". Au même moment, la secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, détaillait dans un entretien accordé à La Croix, les mesures envisagées dans son projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles, dont la présentation officielle est prévue pour le 1er semestre de 2018. Un texte visant à fixer un âge légal pour le consentement sexuel des mineurs, à rallonger les délais de prescription pour les crimes sexuels et à verbaliser le harcèlement de rue.
Si vous êtes concernée, vous pouvez également appeler "SOS Viols Femmes Informations" au 0 800 05 95 95, ou "Violences Femmes Info" au 3919. De même la police au 17, les services d'urgence au 15 et les pompiers au 18. Ne vous taisez plus.