Ils sont partout. Batman, Superman, Spider-Man, Ant-man... Plein de mecs en "man" qui se la pètent dans les comics et se la jouent sur grand écran. Mais où sont les superwomen ? Forcées à laisser leur combi (forcément en latex, hein) au vestiaire ? Et bien, elles sont là, partout. Et elles dominent le monde. Oui, les femmes sont des super-héroïnes du quotidien qui virevoltent du bureau à la casa avec grâce, et sans crâner en plus. Parce que ces wonder-nanas ont l'élégance de ne pas clamer à la galaxie toute entière leurs exploits quotidiens, qu'elles avancent à visage découvert (bas les masques) et n'ont pas besoin de se draper dans une cape de frimeur, elles.
Un vrai miracle lorsqu'on arrive enfin à alpaguer un tacos à 4h du mat'. Parce que la plupart du temps, après une heure d'attente à errer sur les Grands Boulevards, vient le moment où, résignée, nous enfourchons un Vélib pour rentrer chez nous en vacillant sur notre bécane trop lourde.
Après une journée dans l'enfer du bureau, c'est en mode grand coup de pied au fessier que nous nous rendons à la gym. Et nous en ressortons regonflée de fierté, l'ego et l'arrière-train raffermis.
Et sans être obligée d'aller vérifier sur Google.
Le simple fait d'arriver à nous mouvoir sur des talons de 8 cm fait de nous des êtres dotés de qualités physiques exceptionnelles. Si en plus, on parvient à se taper un 100 mètres au trot juchée sur nos escarpins, nous méritons une médaille d'or. Prends ça dans ta face, Ussein Bolt.
Se lever avant 8h du mat devrait être illégal pour les super-héros. Mais le monde a besoin d'être sauvé, même tôt le matin, que voulez-vous. C'est notre croix de wonder-nana. Hop, une potion magique (= une vasque de café) et en avant pour de nouvelles et incroyables aventures (ou pas).
Et passer le 1er du mois devant l'interminable queue où se massent ces étourdis à la ramasse, franchir le portique, le port altier. Un bras d'honneur mental qui nous ragaillardit dès le matin.
Se réveiller à 6h du mat, se préparer pendant que le Baby prend son biberon, filer chez la nounou, fignoler le dossier TrucMuche tout en se coordonnant avec son mec pour passer prendre le Baby, faire une série de 50 squats tout en regardant Le Petit Journal et en surveillant la cuisson de la purée Babycook... Tous les jours, on se dit qu'on n'y arrivera jamais. Et en fait si. Nous sommes des déesses du multitasking, des divinités à mille bras, des as de la vie-Tetris où chaque brique finit par s'emboîter parfaitement.
Anticiper l'achat du cadeau de sa filleule, envoyer une jolie carte qui arrivera pile poil le jour J, prendre le temps de l'appeler pour lui chantonner son "Happy Birthday", voilà qui nous donne un sacré pouvoir de lévitation émotionnelle.
Parce que c'est assez rarissime pour être souligné (notre super-pouvoir de télékinésie est parfois grippé).
Les bourgeons ou la pousse vert tendre de notre lierre nous arracheraient presque une larmichette. Enfin un végétal (si c'est un cactus, ça compte quand même) qui s'épanouit à nos côtés. On en viendrait presque à envisager une reconversion chez Truffaut tellement on a l'impression de murmurer à l'oreille de dame Nature, mais mieux vaut raison garder.
Car même la pluie tire sa révérence face à notre incommensurable charisme. Du moins, jusqu'à la prochaine saucée.
...Et que nous avons terrassé l'effroyable monstre mangeur de chaussettes tapi dans notre lave-linge.
Parce que remplir sa feuille d'impôts ou envoyer ses feuilles de sécu font partie des corvées les plus insurmontables du monde. Gravir cet Everest en temps et en heure fait de nous une aventurière de l'extrême relouterie.
Ou qu'on termine la journée sans avoir filé son collant. Ou sans tache sur notre chemisier blanc. Des petites victoire sur la vie, en somme.
Il est là, sous nos yeux ébahis, doré à point. Même pas besoin de dégainer l'extincteur, le masque à gaz ou d'appeler les pompiers. Ça tient du miracle. Quant à savoir s'il est comestible, c'est une autre histoire.
Peut-être est-ce juste l'habitude ou la tartine de tarama que nous avons boulottée avant de nous effondrer telle un pancake mou sur notre sommier ? Quoi qu'il en soit, si nous n'avons pas mal aux cheveux ce dimanche après cette foultitude de vodka-concombre que nous avons ingurgitées la veille, c'est bien la preuve irréfutable que nous avons quelques pouvoirs surnaturels.
Totalement inutile, mais diablement jouissif.
Parce que si notre route est encore (beaucoup trop) pavée d'obstacles, nous arrivons à les surmonter. Sans cape, sans batmobile, mais avec un swag inouï.