C'est une nouvelle qui va certainement beaucoup, beaucoup faire réagir.
La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a jugé "recevable" une requête déposée par des travailleurs du sexe (ou TDS). Cette requête suggère une dépénalisation des clients de la prostitution. Déposée en décembre 2019, elle n'a reçu la validité de la Cour que le 31 août dernier. Preuve des complications observées à aborder ce sujet à controverses.
Cela n'est pas synonyme d'approbation concrète et de grands changements effectifs, mais d'une chose : la CEDH considère que les arguments mis en avant par les TDS sont légitimes.
ù"Sans statuer sur le fond à ce stade, la Cour admet la recevabilité des requêtes après avoir reconnu que les requérants pouvaient se prétendre victimes", précise le communiqué de la Cour européenne, relayée par le magazine Elle.
La prostitution est un sujet synonyme de débats houleux, notamment au sein des militances féministes. Cependant, la condition critique des travailleurs du sexe demeure un sujet fondamental. Et c'est là le coeur de cette requête. Depuis la loi de pénalisation de 2016, des TDS insistent effectivement sur la recrudescence de précarité et d'insécurité vécues au quotidien. Harcèlement de rue, agressions sexuelles, viols, agressions physiques...
Et c'est d'ailleurs ce dont ont témoigné les requérants, rapporte la Cour : une "dégradation de leur situation depuis la pénalisation de l'achat d'actes prostitutionnels", loi qui aurait engendré "clandestinité et à l'isolement, exposition à des risques accrus pour leur intégrité physique et leur vie"...
Bref, autant de situations vécues par les personnes concernées ces dernières années, qui affecteraient directement "leur liberté de définir les modalités de leur vie privée", dixit le communiqué de la Cour européenne. Les mots qui comptent dans ces témoignages synthétisés sont ceux-ci : "dégradation", "risques accrus", "intégrité physique", "isolement"...
Alors, bientôt une dépénalisation des clients de la prostitution ?
Cela ne semble pas encore à l'ordre du jour. Mais les voix des travailleurs et travailleuses du sexe se font davantage entendre. Le sujet, sept ans après le passage en France de la loi incriminée par les personnes concernées, divise encore énormément. Surtout du côté des abolitionistes, qui militent pour la fin de la prostitution.
En 2018 déjà, une vaste enquête réalisée par deux chercheurs avec l'aide de 11 associations, qui réunit près de 600 témoignages de travailleur.ses du sexe, nous révélait que 88% des travailleurs du sexe seraient opposés à la loi de pénalisation des clients. En relatant les dangers et risques cités plus haut.
Par-delà la France, le sujet est envisagé autrement. En avril dernier par exemple, l'Angleterre mettait davantage l'accent sur la protection des prostituées, suite à une alarmante augmentation des agressions subies par ces dernières. Recrudescence qui a suscité une mise en alerte des autorités, recueillant les témoignages des victimes. Les voix s'y élèvent davantage pour dénoncer les violences faites aux travailleuses du sexe.