Elles ne sont que 13 femmes (vous avez dit malédiction ?) sur quelque 70 candidats à avoir participé à « L’Amour est dans le pré » en tant que candidates. Misogynie ? A priori non, si l’on regarde les derniers chiffres des métiers du monde agricole qui indiquent que, si un quart des chefs d’exploitation sont aujourd’hui des femmes, seules 16% d’entre elles sont célibataires, contre 53% chez leurs homologues masculins. Ainsi, il semble proportionnellement assez raisonnable que M6 sélectionne chaque année deux (trois pour cette saison 7) femmes candidates à l’amour (on notera cependant que sur le site officiel de l’émission subsistent les onglets « agriculteurs » et « prétendantes »...).
Revue de candidates
Et pourtant, si l’on passe en revue toutes nos agricultrices, force est de constater que le bilan bébé-mariage, pourtant force de vente du programme préféré des français, est maigre. En effet, toutes sont rentrées bredouilles à la ferme. Cette année, Annie, victime d’urbanophobie pathologique (elle a manqué de s’évanouir chez son prétendant parisien, asphyxiée par l’air de la capitale), a préféré regagner seule ses pénates et l’odeur du crottin ; Solange, la douce oléicultrice et productrice de plantes aromatiques, confie définitivement son cœur à papa ; quant à Jeanne, qui semblait avoir un petit croc pour Lucien, elle « devait aller toute seule au restaurant pendant que lui se contentait de sandwichs avalés dans sa chambre», confie un proche. Elle a donc mis out le radin, et vive le célibat.
Les autres années, les justifications de non-matching se sont enchaînées, chaque fois ni tout à fait les mêmes ni tout à fait autres. L’année dernière, Céline, l’agricultrice malentendante qui avait rendu fou Laurent (et jeté dehors un Antonio au cœur percé à la fourche), avait fini par nous apprendre qu’il ne s’était « pas du tout adapté à la ferme ». Quant à Karine, qui avait reçu le séduisant Raphaël, elle s’était rendue compte en même temps que le public que son prétendant au légendaire sous-pull vert bouteille était en réalité candidat à la célébrité. Agnès, candidate puis agricultrice, avait fini par jeter l’éponge après son idylle très hot avec Didier ; ça n’avait pas non plus collé pour Sylvie et Philippe, son étalon acteur de films X (sic). Corinne, notre jeune viticultrice cassante passionnée d’automobile avait bouté tout ce petit monde hors de chez elle vite fait bien fait, Maryline s’était fait jeter sans raison apparente par son chauve Christophe… Cécile, Sandrine, Hélène et Céline, oubliées des saisons originelles, auront, elles aussi, subi le sort cruel de la machine à maquer.
« Nous, on voudrait que tout soit naturel »
Faut-il voir dans ce phénomène une malédiction, ou y aurait-il une raison sous-jacente à ces idylles qui capotent ? Télé Loisirs est allé poser la question à Sylvie, l’éleveuse de chevaux de la saison 5. Selon elle, « faire naître de vrais sentiments quand on est en permanence suivi et filmé, c'est plus dur pour une femme. Nous, on voudrait que tout soit naturel et pas artificiel... sauf qu'à la télé, c'est tout l'inverse ». Serions-nous trop romantiques ? Il est vrai que nous avons tendance, davantage que les hommes, à devoir rêver pour aimer. Ainsi, la présence des caméras, cadreurs curieux et autres teneurs de micros et de projecteurs agressifs ne doivent pas aider à voir en ces étranges individus avachis dans notre salon le prince charmant.
« Ils visent plus la ferme que la femme »
Autre difficulté évoquée par la jeune femme, celle des raisons qui font venir les prétendants à la ferme. « On ne peut s'empêcher de se poser la question : pourquoi ces hommes sont venus me voir après m'avoir aperçue quelques minutes dans une émission télé ? Ca paraît un peu louche. » S’il est vrai que la démarche des téléspectatrices qui écrivent aux beaux fermiers aperçus un soir de déprime sur leur écran semble la plupart du temps sincère et découlant d’un côté midinette bien connu de nous toutes, celle des hommes est souvent sujet à ricanements. Pour Voici, « la plupart des prétendants [visent] peut-être plus la ferme que la femme. » C’est ce qu’ont pensé beaucoup de ces « femmes de caractère » castées par la prod', déplorant souvent qu’elles ne cherchaient pas un salarié mais à être aimées. Les agricultrices seraient-elles victimes d’urbains soumis à l’ennui de leur quotidien gris, cherchant à se faire dans le pré une petite place au soleil pour leur retraite ?
Pourvu que ce ne soit pas pas le cas. Souhaitons donc aux prochaines agricultrices à la recherche de l’amour de gonfler les chiffres matrimoniaux de ce fell-good programme à succès, lequel se targue d’avoir œuvré à la naissance d’une vingtaine de bébés (quand même) ! Quel bonheur…