Dire que 2020 a impacté notre quotidien est un doux euphémisme. Depuis mars dernier et l'arrivée du Covid dans nos vies, on prend cher. On doute, on flippe, on encaisse. Et on se découvre aussi. L'inévitable distanciation sociale nous a poussé·e·s à se confronter davantage à soi. Notre façon d'envisager le futur, de se comporter avec les autres même de loin, d'exprimer nos émotions : notre personnalité entière est passée au crible durant ces longues semaines d'isolement. Et forcément, notre vie sentimentale (ou son inexistence) a fait les frais d'un audit parfois douloureux.
On a examiné mentalement, et plus ou moins malgré nous, toutes les relations pas franchement concluantes dans lesquelles on s'est laissé·e embarquer ces dernières années. Et une chose est sûre : on veut sortir de nos vieux schémas toxiques. Alors que 2021 démarre, on évite certes le sempiternel "New Year, New Me", qui semble banni pour quelques années après le fiasco des douze mois qui viennent de s'achever, mais on se promet quand même d'aborder les prochains avec une détermination nouvelle.
Après un bout de temps à ruminer notre passé amoureux, on est donc venu·e à la conclusion que de jours meilleurs - ou du moins, différents de ceux qu'on avait connus jusqu'ici - devaient nous attendre. Et qu'on y contribuerait largement. En sachant ce qu'on veut, déjà, en l'affirmant sans se soucier de ce que l'autre peut penser, et en ne faisant plus de compromis qui nuiraient à notre épanouissement perso. Mieux vaut tard que jamais.
Seulement cette résolution n'a pas uniquement germé dans notre esprit. Elle s'est manifestée chez un bon nombre de célibataires las·se·s de toujours se contenter de peu quand ils·elles estiment valoir bien plus. Des personnes que les confinements ont résolu à ne plus accepter de piètres attitudes de potentiel·le·s partenaires sous prétexte de vouloir absolument trouver chaussure à leur pied, pot à leur couvercle et toutes autres expressions synonymes de complémentarité qui elles aussi, méritent l'oubli.
Adieu soft-ghosters, wokefish et autres breadcrumbers narcissiques, bonjour sincérité et authenticité.
La tendance a même été observée par plusieurs applis de rencontres, dont Bumble qui lui a donné un petit nom. Ça s'appelle aujourd'hui le "hardballing". Ce qu'on pourrait traduire grossièrement par "droit au but". Un terme qui en dit long sur l'honnêteté pure et dure que beaucoup cherchent désormais à brandir, comme une sorte de rempart face aux faux-jetons notoires.
Une étude menée par la plateforme révèle même que plus de 46 % des personnes interrogées sont en quête de quelque chose de sérieux après la solitude des quarantaines de 2020, et que 38 % du panel a affirmé se sentir plus à même de dresser les limites de ce qui est bon ou pas pour eux lors d'une future relation. "Les gens commencent à se connaître beaucoup mieux", analyse Jemma Ahmed, responsable chez Bumble. "Ils prennent donc le temps de déterminer qui leur convient et qui ne leur convient pas."
Un progrès non négligeable, et clairement salutaire, qui épargnera bien des galères.
Pour celles et ceux qui auraient préféré occuper leur temps libre en finissant Netflix et Animal Crossing, sans vraiment se livrer à une analyse pointue de leur comportement avec autrui (comme on vous comprend) : il est toujours possible de rattraper le coche si souhaité. En se posant les bonnes questions, notamment.
Dans une interview pour Bustle qui date de 2018 (preuve que la réflexion n'a pas besoin d'un contexte chaotique pour être menée à bien), la coach Jenna Ponaman avise d'abord de se demander ce qu'on aimerait ressentir dans une relation.
"Ensuite, posez-vous des questions qui vous donneront du pouvoir, par exemple : pourquoi est-ce important pour moi de ressentir cela ? Une fois que vous avez fait ça, interrogez-vous : que dois-je faire pour éprouver ce sentiment ? Quel genre de personne voudrais-je attirer pour générer ce sentiment en moi ? Qu'est-ce qui pourrait potentiellement vous empêcher de concrétiser la vie amoureuse parfaite que vous recherchez ?". Du taf, on vous l'accorde.
L'experte en relation Lori Bizzoco encourage quant à elle de lister ses "valeurs fondamentales". "Trouver quelqu'un qui partage les mêmes convictions peut mener à une relation saine, car vous chérissez tous deux les mêmes choses dans la vie", estime-t-elle dans les colonnes du magazine. A ce sujet d'ailleurs, son collègue Kevin Darné avertit les idéalistes : "La compatibilité l'emporte sur le compromis... Aucune quantité de travail ou de communication ne peut surmonter le fait d'être avec quelqu'un qui ne veut tout simplement pas ce que vous voulez." Question sincérité, on est servi·e.
Sur sa lancée, il poursuit : "Si vous ou votre [partenaire] devez 'changer' votre essence pour qu'une relation 'fonctionne', vous n'êtes probablement pas avec la bonne personne !" Et d'insister : "La plupart des gens ont envie d'être aimés et appréciés pour ce qu'ils sont. Il n'y a que deux façons d'éprouver de la joie et de la tranquillité d'esprit dans une relation. Soit on obtient ce qu'on veut, soit on apprend à être heureux avec ce qu'on a. Acceptez-les tels quels ou passez à autre chose. C'est à nous de choisir". Et ça va de pair, d'agir.