Ils se sont petit à petit immiscés dans tous les recoins de notre quotidien. Les écrans et leur attractivité quasi irrésistible parasitent notre repos, nos films, mais aussi nos relations amoureuses. Car voilà, nombreux·se·s sont celles et ceux qui ont le scroll facile même en pleine discussion, repas, câlin au lit avant de sombrer dans les bras de Morphée. Un réflexe nocif qui finit par empiéter sur la qualité de nos échanges et, plus généralement, l'harmonie de notre couple.
Devant ce constat alarmant - et la certitude que si rien ne change, on va droit dans le mur - nombre d'entre nous avons mis au point des techniques plus ou moins strictes pour se désintoxiquer d'un appareil pensé pour rapproché les âmes à distance, mais qui avait fini par éloigner celles qui se tenaient dans la même pièce. En voici 5 testées et approuvés, à appliquer dès que possible.
L'un des cas de figure qui fait qu'on se rue sur notre smartphone peu importe le contexte, c'est quand on l'entend nous appeler. Au "ding" de Whatsapp, au "tada" d'Instagram ou au "tup" d'un texto, notre sang ne fait qu'un tour (on exagère, mais presque), on veut savoir ce qui se passe.
Machinalement - c'est ce qui est inquiétant - on sort l'objet de nos désirs de notre poche/sac/coussin du canapé et on plonge dans un puits sans fond de contenus pas forcément réjouissants. Tout ça, en oubliant la présence de celle ou celui qui partage notre vie, et en restant sourd·e à ses commentaires enjoués sur le nouvel épisode de l'Amour est dans le pré. Critique.
"Pour attaquer le problème à la source, j'ai désactivé mes notifications et demandé à mon copain de faire la même chose", nous confie Stéphanie, 34 ans, qui affirme que depuis, elle a retrouvé une connexion plus intense avec son compagnon. "Je ne dis pas qu'on a complètement arrêté de le consulter, mais de ne pas être tenté·e par des petites sonneries qui nous rappellent son existence aide à déconnecter. Et au bout d'un moment, on l'oublie pour être pleinement dans le moment".
"C'est un truc que ma partenaire a mis en place pour les enfants à la base, et qu'on a décliné pour les adultes", sourit Laura, 40 ans. La règle, c'est qu'une fois que les petites sont couchées, elles laissent leurs smartphones de côté. Ça vaut pour tous les soirs de la semaine. La seule exception est un rapide coup d'oeil avant d'aller au lit pour vérifier qu'il n'y a pas d'urgence familiale ("sait-on jamais", précise-t-elle).
"Du coup, on passe nos soirées à être vraiment présentes l'une avec l'autre. On ne va pas toujours parler pendant des heures, mais rien que de savoir que l'autre regarde réellement le film et ne traîne pas en parallèle sur Instagram en loupant deux répliques par scène rend l'expérience plus satisfaisante".
Là où Caroline et Pierre utilisaient le plus leur ordinateur portable et leur téléphone, c'était sous la couette. Ils s'y glissaient vers 23 heures après une journée et une soirée exténuantes, et plutôt que de se parler ou de s'endormir directement, passaient de longues minutes en silence, regards rivés sur les écrans. Les réseaux sociaux pour elle, un épisode de série pour lui.
"Après une grosse engueulade, on a décidé de changer pas mal de choses dans notre façon de fonctionner", nous raconte Pierre, 35 ans. "Et notamment notre routine de coucher. Caroline suivait des comptes érotiques sur Instagram et a eu l'idée de télescoper sa nouvelle passion virtuelle dans le monde réel". Elle se procure un premier bouquin du genre et propose à Pierre de se lire un chapitre quasi tous les soirs.
"Au début c'était difficile de garder notre sérieux et puis au bout d'un moment, on y a pris goût." Ils explorent tous les styles : féministe, à l'eau de rose, contemporain, d'époque, futuriste... Autant de matière qui leur donne des idées une fois la quatrième de couverture tournée, ou juste l'occasion de s'évader ensemble l'espace de quelques pages avant de se coucher.
Parfois, quand la manière soft ne suffit pas, il y a les grands moyens. Comme l'interdiction d'emmener son téléphone avec soi quand on va au resto en amoureux·se·s. C'est ce qu'ont choisi de faire Elsa et Yves, ensemble depuis 7 ans.
"Après quelques soirées à laisser nos smartphones pourrir l'ambiance, on sort sans eux. On n'a pas d'enfants, pas de boulots qui demandent d'être joignables h24, donc on peut se le permettre", détaille Elsa. Et la différence est flagrante : ils s'écoutent davantage, leur esprit ne divague pas dans le monde numérique tous les quarts d'heure et la soirée n'en est que plus douce.
"Bon, on galère un peu avec les menus depuis qu'ils ont été remplacés par des QR codes en grande majorité pour des raisons de Covid", admet-elle, "mais dans l'ensemble, ça se passe très bien".
"Ça peut sembler un peu extrême", reconnaît Dina, 30 ans, "mais c'est le seul truc qui nous fait tenir : la menace de devoir écoper d'une nouvelle tâche ménagère si on consulte notre téléphone hors urgence plus de deux minutes d'affilée quand on est tous les deux".
Elle et son mari "détestent le ménage" (comme nous tou·te·s, qu'on se le dise) et voient désormais le défi comme une compétition de tous les instants. "Une fois, je me suis retrouvée avec le nettoyage des toilettes pendant deux semaines, autant vous dire que j'y ai repensé à deux fois avec de checker Insta".
Etrangement (ou pas), c'est lui qui est plus assidu à ce jeu-là. Mais Dina l'affirme : ce qui rend la technique "réalisable et assez juste", c'est que le partage est égalitaire au départ, effectué sur base de tours hebdomadaires.
Quoiqu'il en soit, de ces astuces, une au moins correspondra à nos attentes à nos capacités de déconnexion. Alors, il n'y a plus qu'à ?