S'il n'est pas rare que des comptes soient suspendus ou des publications supprimées (en cas de tétons visibles notamment), Instagram demeure malgré tout une plateforme majeure pour qui désire propager un contenu sex-positive. Education sexuelle, prescriptions sans chichis, esquisses érotiques... Le choix ne manque pas sur le réseau social.
On y célèbre autant la sensualité qu'une vision décomplexée et - surtout - déculpabilisante de la sexualité, de toutes les sexualités. Masturbation, pratiques, exploration de soi, image de son corps, amour à plusieurs, rien n'échappe aux multiples comptes saluées par des milliers (parfois des millions) de followers fidèles. De nouveaux discours sur la sexualité s'y écrivent entre deux likes.
La preuve en 6 comptes qui effeuillent joyeusement notre intimité.
C'est un compte au nom cocasse, comme un doux croisement entre polissonnerie et politesse. Du côté de Merci Beaucul, on s'attarde sur les "sexualités conscientes et positives". Autrement dit, on n'hésite pas à déconstruire les visions étroites du sexe propres à notre société hétérornormée. Et l'on répond aux bonnes questions des internautes sous la forme de portfolios colorés, didactiques et toujours bienveillants.
Sexe anal, masturbation, charge sexuelle, sexe oral, usage des sextoys... Comme tout contenu féministe, les publis de Merci Beaucul sont à la fois intimes et politiques. Et les situations qui s'énoncent ont de fortes chances de parler à nombre d'entre vous, voyez plutôt : "Je jouis en solo mais pas avec quelqu'un", "Jouir sans porno", "Je ne ressens aucun plaisir quand mon/ma partenaire se masturbe"... Un florilège sans filtre.
A seulement 21 ans, Masha Sexplique fait partie des influenceuses sexos les plus populaires du moment. Sur Instagram, ses stories, vidéos et publications diverses regorgent d'un contenu féministe, éducatifs et décomplexé. "Cultiver la jouissance au quotidien" est le mantra de cette blogueuse pop qui propose aussi bien des tutos (l'art du cunni, prendre soin de sa vulve, bien utiliser son lubrifiant) que des portfolios en forme de manifestes, sur le consentement, ces choses dont "tu ne devrais pas avoir honte", les injonctions à la sexualité...
Déculpabiliser par le biais de conseils éclairés est l'un des objectifs de cette jeune femme (et maman) pour qui le savoir est déjà un pouvoir. Si Masha prend le sexe au sérieux, c'est bien souvent avec humour. Plugs, point G et remarques sur les poitrines constituent les sujets de certaines de ses vidéos pleines de dérision.
Ils sont plus d'un million à suivre fidèlement Regards Coupables sur Instagram, et on les comprend aisément. Ce compte d'illustrations parisien est devenu une petite référence de l'érotisme 2.0. Le sexe s'y déploie sous la forme d'esquisses qui attisent les sens. Regards Coupables, c'est une recette limpide : un style épuré, un noir et blanc classieux, un sens du cadrage ingénieux, au service d'un Kamasutra chic érigé en oeuvre d'art.
Masturbation, cunnilingus, anulingus, 69, les positions et le sexe oral se déclinent de bien des façons au gré de ces "regards coupables" qui magnifient l'impudeur avec beaucoup d'élégance. Une bonne raison d'explorer la page Instagram de cet artiste mystérieux donc, mais également de se procurer le livre de coloriages pour adultes qu'il vient de sortir chez Hachette. Histoire de poursuivre l'aventure de l'autre côté de l'ordinateur.
Comme son nom l'indique, Sapphosutra décline le Kamasutra en le sortant quelque peu de l'hétérosexualité. Bons conseils et illustrations sensuelles ponctuent cette initiative de deux militantes queer et féministes, bien décidées à représenter la sexualité lesbienne, tout en décochant recos et tutos à son audience LGBTQ, pas toujours prise en compte par les pages Insta sexo traditionnelles. Une démarche militante essentielle donc.
Sur Sapphosutra, on s'intéresse aux "jeunes queer en feu" comme aux secrets d'un bon cunni, et l'on déboulonne en esquisses pastels les images stéréotypées (influencées par la pornographie mainstream) accolées aux pratiques sexuelles des femmes lesbiennes. Un compte sexo pas comme les autres qui concilie sex-ed positive, recueil de témoignages, contenu "not safe for work" et visibilité queer.
A l'instar de Regards coupables, Petites luxures s'aventure sur le terrain de l'illustration érotique so frenchie. "Découvertures sur des couverts", "La pelle du 18 juin", "Dans l'eau séant", "Déo et des bas"... On retrouve au gré de ces publications sensuelles un goût de la boutade gentiment potache, qui se concilie plutôt joliment avec la subtilité des esquisses - douces, chaudes et introspectives comme un après-midi d'été.
C'est l'insouciance qui recouvre comme du nylon ces dessins d'effeuillages où les émois se déclinent. Baisers brûlants, jeux de langues sous la table, amour en pleine nature et "sexes à piles" composent ce panorama de bouches gourmandes et d'acrobaties diverses. Une légèreté qui a déjà ravi plus d'un million de followers.
Jouissance Club, fabuleux guide d'éducation sexuelle pour toutes et tous, a certainement déjà investi votre bibli depuis sa sortie l'an dernier. Ses illustrations ludiques, sa prose décomplexée et la pluralité des voix et sexualités qu'il synthétise en font un manuel nécessaire pour qui souhaite mieux comprendre sa relation à son propre corps, et préparer celles qui se nouent envers les autres - sur un lit mais pas seulement.
Mais si Jouissance Club vous est encore inconnu, jetez-vous en guise de teasing sur le compte Instagram qui en est à l'origine. Son instigatrice Jüne Plã y perpétue des dessins didactiques et bons mots qui sont autant de judicieux conseils pour se débarrasser des diverses pressions et injonctions relatives au sexe. Au gré de ces posts, éjaculation précoce, massage de la prostate, simulation et orgasme n'ont plus rien de tabou.
Mais si l'on s'invite également au sein du Club, c'est pour mieux actualiser une vision du sexe qui n'a que trop duré. Jüne Plã se permet notamment d'interroger le sens d'un terme aussi familier pourtant que "préliminaires". Histoire de bousculer des lignes qui ne mènent pas toujours au plaisir.