La dépression post-partum n'épargne personne. Pas même les actrices américaines, plus habituées à évoquer leur futur rôle sur le red carpet que leur déprime de jeune maman. Pourtant, le 17 janvier dernier, Hayden Panettiere n'a pas hésiter à parler sans honte des doutes et de l'angoisse qui ont suivi la naissance de sa fille Kaya en décembre 2014. Présente à la cérémonie des Critic's Choice Awards, la star de Nashville a confié être désormais guérie de sa dépression post-partum. En octobre dernier, elle avait momentanément quitté les plateaux de la série pour suivre un traitement dans un établissement spécialisé.
Une décision difficile assumer quand on sait à quel point la dépression post-partum reste tabou pour les femmes qui en souffrent. "Il y a beaucoup d'incompréhension, déclarait à l'automne la jeune femme. Les gens pensent que ce n'est pas réel, que ça n'existe pas, qu'on l'invente, que c'est hormonal. C'est incontrôlable, douloureux, effrayant et les femmes ont besoin d'être soutenues dans cette épreuve."
Pourtant, la dépression post-partum n'a rien d'un phénomène isolé. Selon une étude parue en 2002 dans le Journal of the American Medical Association, 10 à 15% des jeunes mères seraient touchées par la dépression postnatale (DPN) dans l'année qui suit la naissance de leur enfant. Bien plus profonde et sévère qu'un simple baby blues – dû à la chute d'hormones dans les jours suivant l'accouchement – la DPN survient généralement dans les semaines suivant l'arrivée de bébé. Le diagnostic est d'autant plus difficile à établir qu'il peut être confondu par des manifestations typiques suivant l'accouchement (fatigue, troubles du sommeil). Dans un article paru en 2007 dans le magazine Psychologies Québec , la psychologue Lysanne Gauthier développe les symptômes de la dépression post-partum : "une anxiété intense, en particulier par rapport à la santé et à la sécurité de l'enfant, une forte irritabilité, un vif sentiment de culpabilité lié à la perception d'une incompétence maternelle, un sentiment d'ambivalence, de négativité ou de désintérêt envers l'enfant, une tendance au retrait social, voire à l'isolement et, dans certains cas, une crainte obsédante de faire du mal à l'enfant."
Les femmes qui en sont atteintes, la dépression post-partum souffre aussi d'une méconnaissance de la part du corps médical. 30 à 50 % des mères souffrant de dépression ne sont ni diagnostiquées ni traitées. "Plus qu'un discours culpabilisant, je parlerais plutôt de maladresses, explique à Cheek Magazine Joséphine Lebard, qui a cosigné avec Katia Denard le livre Du baby blues à la dépression post-partum (Éd. Marabout). Un jour, j'ai entendu une femme dire: 'Je ne comprends pas ces mères qui n'aiment pas leurs enfants'. C'est une mauvaise interprétation de la dépression post-partum car, au contraire, ces mères-là s'inquiètent pour leurs enfants, c'est donc une belle preuve d'amour."
Heureusement, le tabou entourant la dépression postnatale semble enfin sur le point d'être levé. Avec le concours de personnalités, la parole se libère peu à peu autour de ce syndrome touchant au moins une maman sur dix. Hayden Panettiere, Drew Barrymore, Brooke Shields, Courtney Cox... Autant de stars qui ont osé parler sans honte de la dépression dont elles ont souffert suite à la naissance de leur enfant. Chez nous, c'est Alessandra Sublet qui a brisé la loi du silence dans T'as le blues, baby (Éd. Flammarion). "Ça m'est tombé dessus avec violence, comme si j'étais devenue une autre femme, que je ne reconnaissais plus, à la fois neuneu, amorphe et incapable d'accomplir les gestes les plus simples, comme donner un bain à ma fille ou même lui faire un biberon. J'ai beaucoup culpabilisé, je me disais : 'Tu n'as pas le droit, tu as un mec de rêve, un bébé de rêve, un boulot de rêve, c'est honteux.' Au début, j'arrivais à 'me reprendre' un jour ou deux, mais ça recommençait et, à chaque fois, je me sentais un peu plus au fond du trou", confiait l'animatrice à ELLE en 2013.
Aujourd'hui, les mentalités avances. Doucement, mais sûrement. "Les associations comme Maman Blues font déjà un gros boulot en la matière, estime Joséphine Lebard. On pourrait aussi instaurer des rendez-vous avec un psychiatre à la sortie de la maternité, remboursés par la Sécurité sociale, à l'instar des séances de rééducation du périnée. Une mère qui va bien, c'est un enfant qui va bien plus tard, donc finalement ça n'aggravera pas forcément le trou de la Sécu à terme. Le plus important à savoir, c'est que, si on se fait aider, on s'en remet, et on devient même une meilleure personne, une meilleure mère. La dépression post-partum peut être une opportunité pour se trouver."