Une enquête ouverte en août en Égypte sur des « financements étrangers illicites » de certaines ONG, a débouché hier sur une série de perquisitions dans les locaux de celles-ci. Ces ONG, égyptiennes et étrangères, ont été visitées par des magistrats assistés de la police, et du matériel informatique ainsi que des documents ont été saisis.
Deux organisations américaines ont notamment été visées : le National Democratic Institute (NDI) et l'International Republican Institute (IRI), proches des partis démocrates et républicains américains, qui œuvrent en Égypte pour la promotion de la démocratie. Le NDI, qui affiche un objectif d'observation des élections égyptiennes (qui se déroulent par sessions de novembre à mars), aurait été bloqué par des forces spéciales de la police, et perquisitionné, sans qu’aucun mandat ou explication n’aient été fournis. Une organisation égyptienne, le Centre arabe pour l'indépendance de la justice, a lui aussi été visé.
D’après le communiqué officiel, ces perquisitions répondent à une demande des juges d’instruction qui enquêtent sur les financements de ces associations. Elles sont accusées de ne pas avoir obtenu les autorisations nécessaires pour exercer leur activité et recevoir des financements étrangers, soumis à des strictes conditions de la part des autorités.
Réactions
Washington a manifesté son inquiétude suite à ces événements, par la voix de la porte-parole du département d'État, Victoria Nuland : « Cette action est en contradiction avec la coopération bilatérale » en vigueur entre les États-Unis et l'Égypte depuis des années, a-t-elle déclaré. « Nous demandons au gouvernement égyptien de mettre fin immédiatement au harcèlement des équipes d'ONG et de rendre tous les biens saisis ».
Mohamed El Baradei, candidat potentiel à la prochaine présidentielle, s’est exprimé sur Twitter : « les organisations de défense des droits sont les gardiennes de la liberté qui émerge, et les efforts pour les étouffer vont certainement tourner court ». Tandis que le Réseau arabe pour l'information sur les droits de l'Homme, basé au Caire, rappelait que « le régime de Moubarak lui-même n'avait pas osé se livrer à de telles pratiques ».
Ces perquisitions interviennent alors que les sessions électorales engagées depuis le mois de novembre sur le territoire égyptien voient monter les partis islamistes, et que le mouvement d’opposition au Conseil Supérieur des Forces Armées (CSFA), au pouvoir depuis la chute d’Hosni Moubarak, s’intensifie et se voit durement réprimé.
Avec AFP
Crédit photo : AFP/Soldats égyptiens postés devant l'ONG, National Democratic Institute (NDI), le 29 décembre 2011 au Caire
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