En Egypte, un t-shirt peut conduire en prison. Ainsi, Mahmoud Hussein est incarcéré depuis plus de 500 jours à la prison d'appel du Caire. Son crime ? S'être ostensiblement affiché avec un T-shirt "Nation sans torture", le 25 janvier 2014, à l'occasion d'une manifestation organisée lors du troisième anniversaire de la Révolution égyptienne contre les Frères Musulmans de Mohamed Morsi, renversé le 3 juillet 2013, après des manifestations d'opposition géantes, par le ministre de la Défense de l'époque, Abdel Fattah al-Sissi et le régime militaire dirigé par le même al-Sissi depuis son élection à la présidence, le 28 mai 2014.
Arrêté alors qu'il regagnait son domicile d'El Marg, dans le nord-est du Caire, le jeune homme de 19 ans a été immédiatement incarcéré, sans inculpation, ni procès après avoir signé des aveux, sous la contrainte, de "détention de cocktails Molotov et de grenades à main, d'appartenance à un groupe interdit, de participation à une manifestation non autorisée et de réception d'argent en contrepartie de sa participation". Mahmoud Hussein a depuis été victime dans sa geôle d'au moins deux passages à tabac. Le premier a donné lieu à une plainte déposée auprès du ministère public, en juillet 2014, le second serait survenu le 14 juillet dernier, selon Amnesty International. Il s'agirait de coups et de décharges électriques sur le visage, le dos, les mains et les testicules.
L'ONG demande dans une lettre envoyée au procureur général adjoint du Caire la libération "immédiate" et "sans conditions" du jeune homme dont la demande de libération devrait être examinée dans le courant du mois d'août par un juge. "Le président Abdel Fattah al-Sissi vient d'achever sa première année au pouvoir. Un grand nombre des promesses qu'il a faites n'ont toujours pas été tenues", s'indignait Tarik, le frère de Mahmoud Hussein, dans une lettre ouverte publiée le 8 juin dernier. Le président égyptien avait notamment promis, dans une allocution télévisée en février, que tous "les jeunes" emprisonnés à tort seraient libérés.
Al-Sissi est accusé par les ONG, dont Amnesty International, et les défenseurs des Droits de l'Homme d'avoir instauré un régime extrêmement autoritaire depuis la destitution de Mohamed Morsi, condamné à mort en mai. Depuis l'été 2013, plus de 700 peines de mort ont été prononcées. Elles concernent majoritairement des partisans des Frères Musulmans, alors que 1.400 manifestants islamistes auraient été tués et plus de 20.000 personnes emprisonnées en un peu moins de deux ans .