Culture
En ce moment au cinéma : “Les belles créatures”, une claque de cinéma social (et viscéral) tout droit venue d’Islande
Publié le 25 septembre 2024 à 11:01
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
C’est un uppercut saisissant de cinéma “brut” qui renvoie aux films d’Alan Clarke, Mike Leigh et Lynne Ramsay. Chronique impitoyable de la jeunesse Islandaise, "Les belles créatures" débarque en salles le 25 septembre et mérite plus qu’un coup d'œil…
En ce moment au cinéma : “Les belles créatures”, une claque de cinéma social (et viscéral) tout droit venue d’Islande
En ce moment au cinéma : “Les belles créatures”, une claque de cinéma social (et viscéral) tout droit venue d’Islande C’est un uppercut saisissant de cinéma “brut” qui renvoie aux films d’Alan Clarke, Mike Leigh et Lynne Ramsay. Chronique impitoyable de la jeunesse Islandaise, Les belles créatures débarque en salles le 25 septembre et mérite plus qu’un coup d'œil… Deuxième long-métrage redoutable de Guðmundur Arnar Guðmundsson, Les belles créatures prend le pouls de la jeunesse Islandaise tout comme les films d’Alan Clarke s'immergeaient il y a quarante ans en plein coeur de la nouvelle génération britannique, toute aussi esseulée.   Sous ce titre ironique, loin des clichés idylliques associés à l’Islande dans l’inconscient collectif, Les belles créatures nous prend dès sa scène d’ouverture à la gorge pour ne plus jamais nous lâcher. Mais sans que l’impact de ses images soit tout à fait gratuit ! On pense au meilleur du cinéma social face à ce récit. Aux films les plus durs de Ken Loach, Mike Leigh, mais aussi, à We need to talk about Kevin de la réalisatrice britannique Lynne Ramsay, une autre évocation de l’horreur ressentie lorsque le poison de l’agressivité s’insinue chez l’adolescent.
La suite après la publicité

C’est un film qui commence in medias res en nous plongeant dans le quotidien de Balli, victime de harcèlement scolaire, au plus près des insultes, et au plus près des coups. Très tôt, le ton est donné. 

Deuxième long-métrage redoutable de Guðmundur Arnar Guðmundsson, Les belles créatures prend le pouls de la jeunesse Islandaise tout comme les films d’Alan Clarke s'immergeaient il y a quarante ans en plein coeur de la nouvelle génération britannique, toute aussi esseulée. Chronique sans concessions d’une violence qui fait système, ce film à découvrir le 25 septembre en salles relate l'histoire d’un ado harcelé, et des amis qu’il va finalement côtoyer, dépendants de la même violence destructrice. 

Sous ce titre forcément ironique, loin des clichés idylliques associés à l’Islande dans l’inconscient collectif, Les belles créatures nous prend dès sa scène d’ouverture à la gorge pour ne plus jamais nous lâcher. Mais sans que l’impact de ses images soit gratuit : loin s’en faut, même…

Une chronique coup de poing de la jeunesse Islandaise

On pense au meilleur du cinéma social face à ce récit. Aux films les plus durs de Ken Loach, Mike Leigh, mais aussi, à We need to talk about Kevin de la réalisatrice britannique Lynne Ramsay, une autre évocation de l’horreur ressentie lorsque le poison de l’agressivité s’insinue chez l’adolescent.

Guðmundur Arnar Guðmundsson prend à bras le corps cette violence et l’étudie non pas en tant qu’acte, mais en tant que culture. A la manière d’un héritage, quelque chose que l’on transmet, et dont l’on tente de s’émanciper. Ainsi nos anti héros vont s'échiner à arrêter les “bastons”, comme ils disent, mais sont sans cesse obligés de “répliquer” pour conserver leur réputation de “durs à cuire”. 

En nous partageant le point de vue de ceux qui agressent, mais également de ceux qui sont agressés, Les belles créatures interroge à travers cette jeunesse Islandaise le système entier d’où elle éclot. Modèles en faillite, parents absents ou impuissants, quand ils ne sont pas violents eux-mêmes… Et la brutalité physique de masquer une brutalité économique : celle de la précarité subie par nos protagonistes, marginalisés, méprisés. Preuve de cette déshumanisation, l’une des jeunes “terreurs” saisies par la caméra de Guðmundur Arnar Guðmundsson porte le doux sobriquet… De “l’Animal”. 

On le surnomme comme ça car il adore se bastonner”, synthétise l’un des personnages, Addi. Mais impossible malgré cette explication pragmatique de ne pas voir autre chose : un discours sur la façon dont les médias déconsidèrent la jeunesse. Laquelle, nous démontre le cinéaste Islandais, s’avère être confuse, en perte de repères. Pour nous le suggérer, le réalisateur déploie l’une des images les plus fortes d’un film qui pourtant n’en manque pas : celle d’un manuel scolaire qu’un des protagonistes brûle le sourire aux lèvres. Avant, conscient soudain de son acte, de tenter de le récupérer, paniqué…

Manuel scolaire en quête de sauvetage, à l’instar précisément de ses anti-héros juvéniles auxquels Guðmundur Arnar Guðmundsson confère au fil des séquences et des contrechamps une réelle densité émotionnelle. Une leçon de cinéma social, et surtout, de cinéma viscéral.

Les belles créatures, de Guðmundur Arnar Guðmundsson Le 25 Septembre en salles. Avec Birgir Dagur Bjarkason, Áskell Einar Pálmason, Viktor Benóný Benediktsson… 

Mots clés
Culture News essentielles cinéma sortie jeunes parentalité international Monde
Sur le même thème
Cinéma : "Gloria !", un portrait de femme musical et audacieux qui fait rimer sororité et symphonie play_circle
Culture
Cinéma : "Gloria !", un portrait de femme musical et audacieux qui fait rimer sororité et symphonie
12 juin 2024
"Nos droits sont bafoués, nous les défendons !" : à Kiev, la première Marche des fiertés depuis l'invasion russe est un acte de résistance
Ukraine
"Nos droits sont bafoués, nous les défendons !" : à Kiev, la première Marche des fiertés depuis l'invasion russe est un acte de résistance
20 juin 2024
Les articles similaires
Subtil, moderne, doux : on a pleuré devant ce film féministe plein de tendresse sur la parentalité (et la paternité) play_circle
Culture
Subtil, moderne, doux : on a pleuré devant ce film féministe plein de tendresse sur la parentalité (et la paternité)
16 août 2024
"Changer de corps, c'est changer le monde" : avec l'ovni "Emilia Perez", Jacques Audiard entremêle les genres avec flamboyance play_circle
Culture
"Changer de corps, c'est changer le monde" : avec l'ovni "Emilia Perez", Jacques Audiard entremêle les genres avec flamboyance
20 août 2024
Dernières actualités
Pour Noël, ce sex symbol des années 90 fait son retour sur nos écrans play_circle
television
Pour Noël, ce sex symbol des années 90 fait son retour sur nos écrans
20 novembre 2024
Cette influenceuse française aux millions d'abonnés accusée de dérives sectaires play_circle
Société
Cette influenceuse française aux millions d'abonnés accusée de dérives sectaires
20 novembre 2024
Dernières news