Bunny, les danses rock n roll sur la piste des diner vintage, Mia Wallace qui se "repoudre le nez", les Big Mac, les massages de pieds... Quand on peut résumer un film avec autant d'évocations abstraites et pourtant si évidentes, c'est que l'on parle bel et bien d'un classique.
Cela fait trente ans déjà que Pulp Fiction règne en maître dans le panthéon des incontournables, et ce n'est pas prêt de s'arrêter. Sauf que pour cet anniversaire très spécial - le second long-métrage de Quentin Tarantino est sorti en 1994 - son casting s'exprime volontiers dans la presse... Et tous les comédiens ne sont pas si enthousiastes à l'idée de revoir cette Palme d'or du Festival de Cannes.
Ainsi Rosanna Arquette, l'une des actrices emblématiques du Hollywood des années 90, n'hésite pas à malmener ce film culte où elle joue (très brièvement), aux côtés de ses collègues de prestige Uma Thurman, John Travolta, Samuel L Jackson, Bruce Willis...
Pour la star et soeur de Patricia, il y a un gros, un très souci.
"C'est toujours un phénomène culturel ce film, mais j'ai toujours un problème en ce qui me concerne avec le "n word" dans Pulp Fiction", fustige la comédienne dans les pages de Variety. "C’est toujours un excellent film, mais il y a des moments qui font grincer des dents, et ce n’est pas seulement la violence. Mais j’aime Tarantino en tant que cinéaste".
Le "n word" c'est ce mot insultant en "n" qui au temps de l'esclavage était employé pour désigner les personnes noires. Terme réapproprié depuis avec un grand geste politique par les défenseurs des droits civiques, puis les militants afroaméricains des décennies suivantes, et par la scène hip hop.
Mais Quentin Tarantino en abuse un peu trop...
Pour Rosanna Arquette, non, Pulp Fiction n'est pas intouchable.
Et son emploi du "n word" dans ses dialogues ne doit pas être ignoré trente ans plus tard. Quand bien même ce mot serait employé par un acteur afroaméricain, en l'occurrence, Samuel L Jackson, interprète du truculent et mystique personnage de Jules dans le film.
Un usage par Quentin Tarantino qui en vérité a toujours été fustigé et sera d'autant plus critiqué au milieu des années 90 pour son film suivant : Jackie Brown. Film mettant en scène Pam Grier, Samuel L Jackson, Chris Rock, comme si diriger un casting en bonne partie noir pouvait servir de prétexte à employer plus que de raison ce mot. Le cinéaste militant Spike Lee en dénoncera fortement l'usage, qualifié de raciste.
"C'est également un film tellement violent ! Quand il est sorti en salles j'étais enceinte, et je me souviens d'être entrée dans la salle, et c'était tellement violent que ma mère et moi avons dû partir !", se remémore toujours Rosanna Arquette dans Variety.
Impression impopulaire, ou très partagée ?