Culture
"Salir le nom d'une femme noire" : icônes des JO 2024, Yseult et Aya Nakamura dénoncent le racisme systémique et la "misogynoir"
Publié le 27 août 2024 à 14:04
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
Grandes figures des cérémonies d'ouverture puis de clôture des Jeux Olympiques de Paris 2024, les chanteuses Yseult et Aya Nakamura, parmi les voix françaises les plus écoutées dans le monde, ont fait beaucoup réagir en dénonçant un certain racisme systémique... Qu'elles ont pu observer suite à leur très remarquées performances.
"Salir le nom d'une femme noire" : icônes des JO 2024, Yseult et Aya Nakamura dénoncent le racisme systémique et la "misogynoir"
"Salir le nom d'une femme noire" : icônes des JO 2024, Yseult et Aya Nakamura dénoncent le racisme systémique et la "misogynoire" Ce sont les artistes francophones les plus écoutées dans le monde. Aya Nakamura et Yseult furent deux des figures iconiques qui sont venues performer les des JO 2024... Yseult est venue chanter lors de la cérémonie de clôture, et Aya Nakamura, la cérémonie d'ouverture. Mais elles témoignent aujourd'hui d'attaques racistes subies... Yseult a pris la parole sur Twitter et fustige un racisme systémique : "salir le nom d'une femme noire", à la lire, est courant. "Diffamer, écraser, insulter, invisibiliser..."  Aya Nakamura de son côté l'énonce sans détour : "en tant que femme noire, j'ai pris pour toutes les autres !". Un constat cinglant et déplorable. 
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"J'ai pris pour toutes les autres !"

Elles figurent dans le Top des artistes francophones les plus écoutées dans le monde. Cibles récurrentes de l'extrême-droite, elles assument envers et contre tout leur influence à l'international : en plus de cartonner dans les charts, la dernière édition des Jeux Olympiques est venue rappeler leur stature d'emblèmes hexagonaux. Elles, ce sont les chanteuses Aya Nakamura et Yseult.

Autrement dit et pour ne citer que cela, deux des figures iconiques qui sont venues performer lors des JO 2024 (aux côtés de Céline Dion, Zaho de Sagazan, Angèle, Air)... Aya Nakamura n'a pas manquée de renverser le pays - à grands coups de "Djadja" et d'Aznavour ! - en paradant aux côtés de la Garde républicaine lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux, et Yseult, en reprenant "My Way" à sa manière - lyrique et retentissante - lors de sa cérémonie de clôture. 

Mais elles témoignent aujourd'hui d'attaques racistes massives subies... 

Aya Nakamura l'énonce sans détour : "en tant que femme noire, j'ai pris pour toutes les autres !". Un constat cinglant et déplorable auquel fait écho celui de sa consoeur interprète et musicienne, fustigeant le fait de "salir le nom d'une femme noire, diffamer, écraser, insulter, invisibiliser..."  

Deux paroles pour fustiger le racisme systémique et la "misogynoir". 

Qu'est-ce que c'est ? On explique.

"Ecraser une femme noire est une pratique très courante !", dénonce Yseult. Mais c'est quoi, le racisme systémique et la "misogynoir" ?

Il faut lire Aya Nakamura sur Twitter, déplorant : "Je suis une renoi, je sais qu'il y a beaucoup de discrimination envers nous, mais avant d'être chanteuse je n'ai jamais eu de remarque sur mon physique. Jamais ! Ce n'est que quand j'ai commencé à être connue que j'ai eu des remarques"

"Je pense qu'en toute honnêteté, en tant que femme noire, j'ai pris pour tout le monde. Dans le sens où j'ai eu à faire à des discussions sur la caricature de la femme noire que les gens ont vu en moi. On a organisé le show, mais quand je voyais des trucs sur les réseaux sociaux, je me disais heureusement que je ne suis pas tombée sur tout car j'aurais pu insulter des mamans. J'ai déjà eu ma dose"

Et le témoignage d'Yseult (cumulant 22,7 millions d'auditeurs dans le monde) est plus percutant encore. 

Lisez donc : "Diffamer, écraser, insulter, invisibiliser, salir le nom d'une femme noire publiquement est une pratique très très courante mais lorsqu'il s'agit de célébrer les victoires, il n'y a personne... C'est la raison pour laquelle il est crucial de croire en soi, de se célébrer et de noter ses accomplissements dans un carnet, afin de ne pas oublier les épreuves et les sacrifices"

Ce que les deux artistes mettent en lumière à travers leurs mots, c'est - même si elles ne l'emploient pas - le concept, ou plutôt le phénomène, de "misogynoire". A savoir ? "Un mot créé en 2008 par l'universitaire américaine Moya Bailey et qui désigne une double discrimination, à la fois sexiste et raciste, vécue uniquement par les femmes noires", comme l'énoncent nos confrères de Ici Radio Canada

Terme phare de l'antiracisme et des luttes militantes initié par une chercheuse queer, la "misogynoir" ou "misogynoire" englobe dans son champ critique son lot de stéréotypes racistes dénoncés comme tels, comme l'hypersexualisation toujours fétichiste des femmes noires. 

Les voix d'Yseult et Aya Nakamura éclairent également un racisme dit "systémique". 

A savoir, cette observation théorisée par les défenseurs des droits civiques aux Etats-Unis, selon laquelle "l’organisation de la société, les relations sociales au sein d’une partie de la population américaine, génèrent toujours de la discrimination", pour reprendre les mots de cette émission signée Radio France.

Une réalité sociologique quand on sait par exemple qu'aux Etats Unis, les femmes noires ont au moins trois fois plus de risques de mourir d'une cause liée à la grossesse que les femmes blanches. Cela s'explique par la façon dont le personnel soignant traite les principales concernées, et prend au sérieux  - ou non - leurs émotions. Pour comprendre ces faits, il faut puiser aux racines de toute une stigmatisation raciste...

Stigmatisation hélas loin d'être absente dans le monde de la musique. 

Mots clés
Culture News essentielles musique racisme jeux olympiques sport
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