Emmanuelle Taulet : quand une jeune femme oeuvre à la beauté des seniors

Cadre chez LVMH chargée d’étudier la vie des points de vente pour Fendi, puis directrice de clientèle dans plusieurs agences de communication, Emmanuelle a eu le déclic lorsque sa grand-mère s’est interrogée devant elle, alors qu’elles regardaient ensemble les publicités à la télévision : « Pourquoi vendent-ils des produits antirides à des gens déjà ridés ? » Le respect pour la sagesse du propos de l’aïeule est vite suivi d’une irrépressible envie de s’intéresser de près au secteur des peaux matures par la petite-fille curieuse.

« Je ne me suis pas lancée tout de suite en me disant : ‘je vais créer une entreprise’. J’ai voulu comprendre le marché des seniors et celui de la cosmétique ». Étude de marché, montages prévisionnels, recherche du nom de la marque… Emmanuelle est aidée dans son entreprise par les incubateurs de Poitou-Charentes, sa région, très actifs dans ce domaine. « Ce sont eux qui assurent un tremplin avec l’envie d’entreprendre, et aident à créer dans la sérénité », assure-t-elle, déplorant que nombre de subventions leur soient souvent coupées.

Au salon de la cosmétique, auquel elle participe modestement, elle a le déclic. Face aux gros acteurs du secteur, elle ne fait pas tapisserie. Jeanne M. intéresse. La marque a du sens car elle accompagne un changement générationnel qui introduit peu à peu la notion de beauté mature. Senior n’est plus synonyme de chignon-tricots-gâteaux. Le concept de Jeanne M. ? On ne combat pas la ride, on ne cherche pas à rester jeune à tout prix. Non, on offre des produits adaptés à un type de peau différent, lesquels lui offriront le plus bel éclat. Les égéries de la marque ? Des femmes venues poser sans fard, leur expérience en bandoulière, l’éclat de leur vécu comme seul ornement. Le photographe, sceptique au départ, se souvient encore de cette séance très spéciale avec ces femmes qui ont du chien.

Des difficultés, Emmanuelle Taulet en a rencontrées : « l’administratif, les relations avec les banques, un peu tendues cette année ». Des doutes, elle en a eu : « Suis-je légitime sur ce marché qui est un des plus concurrencés ? », s’est-elle souvent demandé. Mais aujourd’hui, elle est satisfaite des premiers chiffres enregistrés : « en 6 mois de commercialisation, nous avons référencé 25 points de ventes -ce qui est très bien pour une marque niche- et vendu la moitié de notre prévision annuelle, ce qui nous satisfait au regard de la concurrence du marché, du contexte économique et de notre schéma de ventes qui ne passent pas par les grosses chaînes. »

Aujourd’hui, elle regarde l’avenir avec sérénité, même si elle « doute » beaucoup, « c’est certainement la marque de fabrique des chefs d’entreprise… » Elle rêve néanmoins de s’attaquer à l’export, pour que les femmes qui aiment Jeanne M. s’étendent à tous les continents.

Ses conseils

Savoir s’entourer

Savoir écouter

Savoir prendre du recul avec les salariés, les partenaires, les clients, les fournisseurs… mais aussi avec soi-même !

Sa bio

22.11.78 : naissance à Auxerre

Septembre 97 : Formation Bachelor Sup de Co La Rochelle avec immersion complète de 2 ans à l’étranger

Septembre 00 : Intègre LVMH UK

Septembre 04 : Directrice de clientèle en agence de communication

Septembre 10 : Commence à travailler sur le projet Jeanne M. le soir en parallèle de ses journées chargées de communication

Septembre 11 : Salon de la cosmétique, création de l’entreprise.

Retrouvez nos portraits d'entrepreneurs chaque lundi dans le Parisien Economie.

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