A l'occasion de la Journée mondiale des emojis le 17 juillet dernier, Apple a annoncé l'arrivée - d'ici la rentrée prochaine - de 59 nouvelles émoticônes destinées à envahir notre smartphone. Au sein de cet inventaire, plusieurs créations sortent du lot et titillent notre curiosité. Personnes malvoyantes, malentendantes et paraplégiques, couples homoparentaux, diversité des couleurs de peau... Par petites touches, l'entreprise multinationale tend à démontrer que les emojis constituent un langage tout aussi populaire qu'inclusif.
Sur Instagram, Apple promet même "soixante-quinze variantes de genre et de couleur de peau" parmi les deux-cent trente emojis cumulés au total. L'idée est limpide : à l'heure où les grands débats de société et les contestations d'aujourd'hui se font (aussi) sur des réseaux sociaux comme Twitter, il est plutôt salvateur de rappeler que l'emoji n'est plus simplement une source d'amusement ou une ponctuation indispensable à nos conversations instantanées, mais un imaginaire social. Où l'on trouve aussi bien des animaux, des drapeaux du globe et des créatures fantaisistes que des fauteuils roulants, des chiens d'aveugles et des prothèses auditives.
En cohésion avec l'association Unicode (chargée de la standardisation des emojis), Apple appuie son devoir de pluralité de bien des façons. En représentant des couples mixtes et des familles homoparentales, mais également en imageant le tabou des menstruations par le biais de ses emojis "goutte de sang". Un signe un brin abstrait, on vous l'accorde, mais dont le sens se devine aisément. La portée inclusive de l'émoticone n'est plus à prouver aujourd'hui : on se rappelle du capharnaüm causé il y a tout juste deux ans par l'emoji-hijab. Imaginée par une adolescente saoudienne de seize ans, cette figuration d'une femme voilée avait profondément marqué la cuvée 2017 du World Emoji Day.
En mars dernier encore, l'Emojipedia nous annonçait de son côté le dernier exemple de représentativité de Google : proposer - sur Android - des emojis de genre neutre. Langage instinctif et universel, immédiatement intelligible, l'emoji pourrait être la meilleure manière de faire entendre au monde le principe de non-binarité. Et d'apporter aux nouveaux enjeux de société la résonance qu'ils méritent.
Oui, l'emoji est politique, pour le meilleur... et pour le pire. Comme le relève Têtu, certains internautes s'en servent allègrement pour diffuser leur discours de haine à l'encontre de la communauté LGBTQ - et organiser des raids en ce sens. Les emojis islamophobes et croix gammées ne manquent pas non plus au tableau. Au fond, ces créations officieuses sont de parfaits cas de figure. Par ce qu'elles propagent et promulguent, elles rappellent l'importance des notions de pluralité et d'inclusion au sein des stickers et émoticones mis à disposition des internautes. Car oui, votre choix d'emojis en dit déjà beaucoup sur vous. Et ceux qui ne sont toujours pas convaincus pourront toujours se rattraper sur les emojis falafels et flamants roses.