"Et si une petite fille voulait être un pirate ?". C'est la question légitime qu'Els, une petite Londonienne âgée de huit ans, a posé à la maison d'édition Scholastic après avoir découvert dans un catalogue ce titre de livre : "Des choses incroyables à fabriquer et à faire pour les garçons : Le livre des pirates, de l'or en barres."
Agacée devant cette manière d'exclure les filles de ces jeux, sous prétexte qu'ils seraient réservés aux garçons, l'écolière a lancé une pétition avec la phrase suivante: "Que se passerait-il si une fille voulait jouer aux pirates et qu'elle en vienne à se demander si elle est normale après avoir lu que c'était réservé aux garçons ?". Celle-ci a recueilli plus de 80 signatures de la part d'autres écoliers, de parents et d'instituteurs et a été adressée à la maison d'édition grâce au soutien d'un groupe, "Let Books be Books", qui lutte contre les clichés dans les livres pour enfants. Ce dernier avait déjà dans le collimateur un livre de magie accusé de proposer des quizz différents aux filles et aux garçons édité par Scholastic.
"Nous aimerions que Scholastic abandonne les mentions 'pour filles' et 'pour garçons' dans les titres de ses ouvrages", ont-ils demandé. Ajoutant que l'éditeur, qui est le premier fournisseur en livres scolaires, a "la responsabilité" de mettre en place un marketing incluant à l'égard des deux sexes.
Scolastic a réagi avant même de recevoir la pétition en supprimant les questions genrées de son livre de magie et en annonçant que la maison ne commercialiserait plus le livre pointé du doigt par la petite Els. "Nous ne publierons plus de livres où figurent les mentions 'pour les filles' ou 'pour les garçons' dans le titre. Tous les titres historiques qui sont encore commericalisés seront réimprimés afin que leurs titres soient modifiés", a expliqué la maison d'édition.
Pour Jess Day, la porte-parole de "Let Books be Books", "la lettre d'Els illustre clairement le problème." "Elle porte simplement sur le fait qu'il ne faut pas dire aux filles et aux garçons d'aimer des choses différentes, et nous sommes ravis que Scholastic ait répondu aussi rapidement à son appel au changement. Ces mentions invoquent des clichés datés et excluants sur les filles et les garçons, des clichés qui peuvent s'avérer dangereux." Et d'ajouter : "Qui pourrait souhaiter exclure un lecteur et faire passer le message à un enfant qu'un enfant n'est pas pour lui en raison de son sexe ?"
Depuis quelque temps, les actions de ce type se multiplient, notamment grâce à l'essor des réseaux sociaux. Récemment, une Américaine fan de comics a poussé un coup de gueule contre l'absence de super-héroïnes auprès de DC Comics, et a vu son souhait exaucé. Les compagnies de jouets sont quant à elles également régulièrement pointées du doigt pour leur tendance à séparer les jouets dédiés aux filles et aux garçons.