Après le "Hot Girl Summer", tendance pop de l'été initiée par la rappeuse Megan Thee Stallion en 2019, il faudra désormais compter sur le "Feral Girl Summer", c'est écrit. Sur les réseaux sociaux, ce phénomène lifestyle empreint de féminisme est la tendance du moment. On peut fortement l'observer sur TikTok.
C'est notamment la génération Z qui s'est appropriée cette philosophie de vie singulière. Mais également, des stars l'actrice Rebel Wilson. L'idée ? Privilégier une forme d'insouciance, de liberté d'agir et de penser ("feral" signifie "sauvage" en anglais), notamment à travers ses publications sociales. Et par-là même, envoyer bouler les injonctions et jugements associés au physique, entre autres choses. Décomplexer. Etre soi-même sans se soucier des pressions extérieures.
Une tendance moins anodine qu'il n'y paraît.
Le "Feral Girl Summer" peut prendre de multiples formes durant la saison estivale, tant sa définition est élastique. Tel que l'énonce Today, cette tendance consisterait autant à se débarrasser de "la peur du jugement" (concernant son corps l'été) que de "s'amuser", tout simplement, par exemple en traînant sur la plage en toute tranquillité. Ou à l'inverse, en se déhanchant avec joie sur la piste de danse toute la nuit durant.
Comme un message destiné aux femmes : en été, faites ce qui vous plaît, sans culpabiliser. Une dimension hédoniste aux antipodes du fameux "Bikini Body", injonction à surveiller sa ligne et se plier d'autant plus aux normes et diktats de beauté quand la belle saison repointe le bout de son nez. A l'inverse, le Feral Girl Summer ne prête guère attention aux régimes, aux boissons healthy, aux planning stricts ou au regard d'autrui.
C'est ce qu'affirme la TikTokeuse Feral Rat Club : l'idée est avant tout de "faire quelque chose que vous avez toujours eu envie de faire, des voyages, des festivals, assister à des spectacles, aligner ses chakras". Un sacré programme donc. Tout cela car "la vie est censée être amusante", conclu la créatrice de contenus. Bel état d'esprit, surtout lorsque la vie professionnelle est mise sur pause.
Cette dimension hédoniste (soirées, clubs, bars) inspire et fédère. Plus encore, c'est la facette émancipatrice de la chose qui parle aux internautes. Ainsi le média You Magazine suggère que cette trend peut tout aussi bien être perçue comme "une forme de rébellion contre les pressions de l'esthétique de la fille parfaite".
Cependant, ce phénomène social divise. Sur Twitter, des internautes lui reprochent de n'être qu'une déclinaison vaine du "hot girl summer", en reprenant les principes charnières et les codes : s'émanciper de l'opinion d'autrui, s'amuser, rejeter toute forme de complexe alimenté par la pub, revendiquer son été libre sur les réseaux sociaux.
Plus encore, le Feral Girl Summer serait sa version "gentrifiée", pas vraiment inclusive. Le "Hot Girl Summer" avait été initié par une artiste afro-américaine et s'envisageait comme une philosophie de vie accessible à toutes. Or bien des voix suggèrent à l'inverse que son héritier 2022 serait beaucoup plus "bourgeois", relate Stylist.
"Il ne faut pas non plus ignorer que les idées, les concepts et les mouvements souvent créés par les femmes noires - que ce soit les tendances capillaires ou les mots à la mode - ont toujours tendance à être réappropriés par le grand public. Ainsi, la tendance du Feral Girl Summer est principalement représentée par des femmes blanches sur TikTok, et emprunte des éléments du Hot Girl Summer mais, au lieu de le créditer affirme s'y opposer", observe encore le média en ligne, concluant : "Peut-être que ne pas les opposer serait un bon début".
Une polémique qui met à mal le "fun" promis. D'autant plus que Megan Thee Stallion ne fut pas la seule à proposer son alternative fracassante au "summer body", aussi intitulé "beach body ready" ou bien "bikini body". En 2021 déjà, la chanteuse et musicienne noire Lizzo, icône pop-féministe, l'envoyait volontiers bouler, en proposant sur ses réseaux sociaux le bien nommé "big girl summer".
Dès lors, plus que d'être "insouciante", il était également question de rétorquer aux indénombrables commentaires grossophobes qui envahissent la Toile, d'autant plus en été. Une tendance aussi festive que politique, et qui a particulièrement cartonné sur Tik Tok à l'époque. A chaque période estivale, son phénomène social.