Invité de France 2 mercredi, François Hollande a dénoncé le virage à droite pris par Nicolas Sarkozy suite aux résultats du premier tour de dimanche, qui ont placé Marine Le Pen en troisième position avec 17,9% des voix. « Nicolas Sarkozy veut parler - il a le droit - aux électeurs - je le fais aussi-, mais de là à flatter, à essayer de séduire y compris même les dirigeants de l'extrême droite, c'est trop », a-t-il déclaré, ajoutant : « C'est sa responsabilité, chacun fait campagne comme il l'entend, sur ses thèmes, mais je pense que la prochaine présidence de la République doit être une présidence qui réconcilie », a-t-il commenté. Pour « rassembler plus large encore », le candidat estime par ailleurs qu’il n’a « pas à changer ».
« Trop d'ambiguïtés » à droite
Il a ainsi jugé qu’il y avait trop « d'ambiguïtés » à l'UMP quant à la conduite à adopter en cas d'éventuels duels avec le Front National aux législatives, « La preuve, c'est que Mme (Chantal) Jouanno (sénatrice UMP et ex-ministre), que je ne connais pas, a pu dire qu'elle voterait PS lors d'un duel possible face à l'extrême droite, elle a été rabrouée et condamnée. Pourquoi donc, puisque c'est la position qui devrait être la seule pour des républicains ? », a-t-il déclaré sur France 2. Mardi, le Premier ministre François Fillon a en effet jugé la réponse de Mme Jouanno « stupide » et « contre-productive ». François Hollande a ensuite tenu à rappeler qu’il avait été lui-même dans cette position délicate en 2002, lors du duel FN/UMP, alors qu’il était premier secrétaire du PS, « j'ai appelé à voter pour Chirac, je n'ai pas dit « contre » l'extrême droite, j'ai dit « pour » Jacques Chirac ».
Profession de foi pour le second tour
François Hollande entend donc ne pas dévier de sa route et le prouve en adressant aux Français une lettre d’engagement pour le second tour, dans laquelle il rappelle les grandes lignes de son programme - priorité à l’emploi, investissement dans l’éducation et la formation, mise au pas de la finance, rétablissement de l’équilibre des finances publiques en cinq ans, renégociation du traité européen, etc. Dans cette « Profession de foi pour le second tour », le candidat sorti premier des urnes dimanche dernier prend acte de la « sanction » imposée au candidat sortant, égrainant un bilan fait d'« injustices et d’échecs », et en appelle au rassemblement « le plus large possible, avec tous les citoyens qui aspirent à une République enfin apaisée ».
Le droit de vote des étrangers sur la table
S’il ne multiplie pas les appels du pied aux électeurs de l’extrême droite, assurant même que le droit de vote des étrangers non communautaires aux élections locales « sera fait dans le quinquennat », François Hollande s’est rendu mardi à Laon dans l’Aisne, un département où Marine Le Pen est arrivée dimanche en deuxième position, tout juste derrière lui, afin de donner « confiance » à « tous les électeurs » sans distinction et « montrer de l'espoir ». Il affirmait mardi matin, en Une du quotidien Libération vouloir « convaincre l'électorat du FN, dont une partie vient de la gauche ». Pour le candidat socialiste, il s’agit dans les dix prochains jours de ne pas s’aliéner les électeurs alliés de Jean-Luc Mélenchon (11,1%) et d’Eva Joly (2,04%), de tenter d’emmener les 3,2 millions d’électeurs de François Bayrou, et de rallier autant que possible un maximum de voix frontistes. La tâche ne sera pas aisée.
Crédit photo : AFP
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