"Un oiseau peut chanter mais une fille et une femme ne peuvent pas chanter en public !"
Voilà la phrase de la semaine, prononcée par l'iconique actrice Meryl Streep lors d'un discours à l'ONU. La star Oscarisée est venue alerter sur le sort des citoyennes Afghanes. Et à l'écouter, en Afghanistan, les femmes ont encore moins de droits que les animaux. Ce n'est pas si exagéré en vérité.
Effectivement, une loi promulguée par le ministère de la justice en août dernier impose de nouvelles restrictions aux Afghanes : interdiction de lire en public, de se déplacer seules, et... De chanter. Et ce parmi 35 articles tout aussi répressifs et incongrus constituant la toute nouvelle législation. Articles dont le non-respect est synonyme d'amende voire de "détentions à durée variable".
D'où ce coup de gueule de Meryl Streep. Qui fait écho à d'autres.
"Les femmes afghanes sont bannies de la vie publique, empêchées d'accéder à l'éducation, visées par des interdictions de travailler et de se déplacer librement, emprisonnées, soumises à des disparitions et torturées", dénonce ainsi Agnès Callamard, secrétaire générale d'Amnesty International...
Meryl Streep souhaite sensibiliser au sort des femmes dans un pays bousculé depuis le retour au pouvoir des Talibans, il y a trois ans déjà. Une prise de parole à l'ONU qui a beaucoup fait réagir.
"Les oiseaux chantent-ils seulement encore en Afghanistan ?", "Ils peuvent chanter, mais seulement si l’oiseau est un mâle", ont commenté avec sarcasme et amertume les internautes.
On rappellera également que les talibans interdisent aux femmes afghanes de chanter, de réciter de la poésie et de lire à voix haute en public, quand bien même à l'inverse, des poètes talibans se sont produits le 17 avril 2024 dans une grande salle de spectacle au sein du pays.
En septembre dernier, sur le plateau de Léa Salamé, la championne de parataekwondo Zakia Khudadadi, refugiée afghane et médaillée, défendait la même cause : "J'ai eu beaucoup de messages d'amies en Iran, en Afghanistan... En Afghanistan, il est impossible pour elles de célébrer, c'est trop dangereux, quand on est une femme... Je suis de tout coeur avec toutes les femmes de mon pays. S'il vous plaît, ne les oubliez pas". Ne pas chanter, ne pas célébrer, subir un tuteur masculin, souffrir d'une grande limite de déplacements, des mariages forcés, du port du burka... Et ainsi de suite.
"Un oiseau peut chanter mais une fille et une femme ne peuvent pas chanter en public !"... Des termes qui semblent encore insuffisamment forts alors que l'ONG Human Rights Watch (HRW) qualifie ce que vivent depuis trois longues années les Afghanes comme "la pire crise des droits des femmes au monde".