Quelle mouche a donc piqué John Key ? A 53 ans, le Premier ministre de Nouvelle-Zélande, membre du Parti national et en fonction depuis 2008, semble avoir décidé de retrouver le comportement d'un enfant turbulent. C'est en tout cas ce que suggère Amanda Bailey, une serveuse néo-zélandaire de 26 ans, qui a révélé mercredi 22 avril être la cible récurrente du chef du gouvernement à chacune de ses visites dans son café.
Selon la jeune femme, qui a publié un long texte sur le site The Daily Blog (marqué à gauche), le Premier ministre avait pour habitude de s'en prendre à sa coiffure. Pendant plusieurs mois, John Key aurait ainsi tiré les cheveux de la serveuse lorsqu'il passait dans le Café Rosie de Parnell, une banlieue chic d'Auckland où le conservateur réside.
"La première fois qu'il a tiré mes cheveux, je me rappelle m'être dit qu'il s'agissait probablement d'espièglerie, puisque la plupart des gens qui le rencontrent disent de lui qu'il est 'si gentil'", explique d'abord Amanda Bailey. Mais si les blagues les plus courtes sont souvent les meilleures, le Premier ministre a semble-t-il renouvelé le geste à chacune de ses apparitions dans l'établissement, au point de rendre le quotidien de la serveuse insupportable.
Amanda Bailey explique ensuite avoir "commencé à éviter les interactions avec lui". Mais "le petit jeu a continué", parfois même sous les yeux de la femme de l'intéressé : "Il s'approchait par derrière quand j'étais sur le terminal de commandes, tirait mes cheveux et prétendait ensuite que sa femme, Bronagh, l'avait fait [...], et elle lui disait d'arrêter". Un comportement que John Key concluait parfois d'une remarque pour le moins explicite : "C'est une queue-de-cheval très alléchante".
Face à un tel comportement, la serveuse reconnaît alors s'être sentie désemparée. "Il se comportait comme le caïd de cour de récré qui tire les cheveux des petites filles pour obtenir une réaction, expérimentant ainsi son sentiment de pouvoir. Je me disais que même un gamin de cinq ans est capable de dire que si on tire les cheveux d'une fille, elle n'aimera pas ; je ne devrais donc pas avoir à le dire au Premier ministre".
Si le dirigeant n'est pas le premier politique à se voir plongé dans l'embarras pour des propos sexistes, le témoignage de la néo-zélandaise a suscité l'indignation dans le pays. Au point de voir émerger le terme de "ponytail gate" (comprendre "Le scandale de la queue de cheval") dans les médias. Le Conseil national des femmes a pris la parole quelques heures après cette publication en soulignant "combien le sexisme fait partie de notre culture, à commencer par le sommet". Les parlementaires de l'opposition ont qualifié le dirigeant de "puéril" et de "bizarre", dénonçant une attitude "indigne d'un Premier ministre".
Une attitude d'autant plus condamnable que John Key n'en est pas à son coup d'essai en la matière. Depuis la révélation de cette histoire, nombres de médias internationaux ont rappelé la longue liste de comportements sexistes, homophobes ou racistes de l'homme de centre droit. Le site du quotidien britannique The Guardian parle ainsi de cet épisode de 2010 où le Premier ministre avait dû s'excuser avoir suggéré qu'une tribu maorie pourrait bien "le manger au dîner", ou celui de 2012 quand John Key s'était publiquement moqué du "haut rouge homoseuxel" d'un animateur radio.
Et le tirage de cheveux n'est pas une nouvelle lubie pour le leader du Parti national. Après la publication du texte d'Amanda Bailey, une internaute a ressorti cette vidéo datée de 2014.
Invité ce mercredi sur la chaîne TVNZ, John Key a présenté ses excuses à la jeune serveuse. Le Premier ministre a tenté de se défendre en indiquant qu'il avait agi "dans un contexte de plaisanteries".