Présente au festival de Cannes pour présenter le nouveau film de David Cronenberg, Les Crimes du futur, Kristen Stewart a discuté avec le journaliste français Augustin Trapenard de son rapport au corps, individuel et collectif, en tant qu'actrice, et des raisons qui en font un sujet éminemment politique.
L'actrice américaine encourage d'abord à se reconnecter à sa silhouette : "Il ne faut pas chercher à anesthésier ses sensations, c'est une façon de vivre. Certaines personnes ignorent leur corps mais c'est vraiment agréable de réaliser combien c'est intense d'en avoir un", lance-t-elle. Et de regretter : "On vit dans un monde où les sensations deviennent obsolètes, il y a beaucoup d'écrans entre les gens. Ça devient difficile de se toucher".
Pour Kristen Stewart, le cinéma peut justement permettre de se "rapprocher les uns des autres". "Les films peuvent nous aider à nous distraire, nous divertir", affirme-t-elle. "Mais cela permet aussi de (...) nous pousser à réfléchir, vivre et à exister".
Et à ce sujet, "K-Stew" estime qu'une représentation fidèle et plurielle des corps des femmes manque cruellement. "J'ai eu un avant-goût de scènes où je me reconnaissais, mais c'était souvent dans des petits films que personne d'autre n'avait vus, ou ça n'était pas du tout mis en avant". Une absence dans la fiction dont les conséquences dans la vie réelle sont nombreuses. Notamment pour ce qui est de l'acceptation de soi et d'un sentiment d'appartenance et de validation essentiels.
"C'est bizarre car on croit en l'individualisme. On est tous nous-mêmes, on peut choisir d'être exactement soi-même, et pourtant on est tous pareils. Donc comment pouvons nous détester les autres ? Imposer des règles à leurs corps ?", évoque encore Kristen Stewart, taclant sans la nommer la tentative des juges républicains de la Cour suprême d'interdire l'avortement outre-Atlantique, en essayant de révoquer l'arrêt Roe v. Wade qui l'avait rendu légal en 1973.