Le sexe est aussi une affaire de mots. La Suède vient de le rappeler avec originalité en inventant un nouveau terme afin de désigner la masturbation féminine. L'affaire était prise très au sérieux dans un pays qui a récemment autorisé la masturbation sur ses plages. L'Association Suédoise pour l'Egalité des Sexes (RFSU) avait lancé un concours en novembre dernier. Objectif : trouver un mot, inexistant jusqu'alors, pour qualifier l'activité lorsqu'elle est pratiquée par une femme.
La RFSU, qui "travaille pour une perception ouverte et positive sur les questions de sexe et de relations", a en effet sollicité les Suédois pour proposer un seul mot "décontracté et lascif". Précision nécessaire pour se prémunir des expressions grivoises que n'auraient pas manqué de proposer les plaisantins.
Au-delà d'une simple lacune linguistique, c'est toute la représentation de l'égalité entre hommes et femmes qui est en jeu selon la RFSU. "Quand il s'agit de masturbation, les gens pensent souvent à une pratique masculine", expliquait à l'époque une porte-parole de l'organisation, Kristina Ljungros, à un journal local. "L'absence d'un mot courant pour désigner la masturbation féminine suggère que l'égalité des sexes ici en Suède n'est toujours pas effective. Si nous n'avons pas de mot dans le langage, comment pourrait-on en parler ?", s'interrogeait-elle.
Parmi le millier de suggestions de la population, 34 mots ont été sélectionnés dont "Pulla", "Selfa" et "Klittra". C'est finalement ce dernier terme qui a été retenu il y a quelques jours par l'association comme étant le plus approprié. Annoncé à Stockholm, le mot "Klittra", contraction de clitoris et glittra (en français "brillant"), parviendrait ainsi à mettre en valeur l'importance du clitoris dans le plaisir féminin.
Mettre un mot sur cette pratique s'avère plus que nécessaire lorsque l'on sait que la masturbation féminine est, dans plusieurs zones du monde, toujours stigmatisée. Selon une étude du "Australian Study of Health and Relationships" réalisée en 2014, 42% des femmes se sont masturbées l'année passée, contre 72% pour les hommes. Une différence de pratique qui répond, en partie, à une différence de perception. Culturellement, la masturbation féminine est un sujet encore perçu comme tabou dans de nombreuses sociétés.
L'association RFSU espère que son "Klittra" recueillera un écho favorable auprès du grand public. Aussitôt le mot dévoilé, elle a lancé une campagne pour que "Klittra" figure dans la prochaine édition du dictionnaire officiel de la Suède.