Pas d'effort en matière d'égalité entre les femmes et les hommes, plus de subvention. C'est, en substance, ce que préconise le Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes dans un rapport remis ce lundi 20 octobre à la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine et à la secrétaire d'État aux droits des femmes Pascale Boistard. Commandé en février 2013 pour lutter contre les clichés sexistes, il propose de moduler le montant des financements publics en fonction des efforts faits en matière d'égalité entre les sexes dans le domaine des médias, de l'éducation et de la communication institutionnelle.
Rappelant que « les pouvoirs publics se doivent d'être exemplaires », le rapport du HCEfh affirme le principe de « budgétisation sensible à l'égalité femmes-hommes » comme moyen efficace de lutte contre les stéréotypes de genre. Pour obtenir une aide financière de l'État, les associations et les entreprises devront désormais participer à une représentation équilibrée entre les sexes.
Pas toujours pointilleux en matière de respect de l'égalité entre les sexes, le service public pourrait être contraint à être plus vigilant s'il veut continuer de percevoir les trois milliards d'euros annuels que lui verse l'État. En effet, à la télévision, les femmes n'occupent que 32% du temps de prise de parole et elles représentent 1/5 des experts invités sur les plateaux TV et radio. Dans son rapport, le Haut Conseil préconise donc la mise en place de « paniers d'indicateurs » pour prévenir la présence de stéréotypes de sexe dans les programmes d'information, de fiction, de divertissement, mais aussi dans les émissions de téléréalité, régulièrement épinglées pour flagrant délit de sexisme. Le but ? Créer « un outil de la modulation de la contribution à l'audiovisuel public » pour repérer les manquements au principe d'égalité qui s'appliquerait non seulement aux chaînes de télévision et aux radios, mais aussi à la presse écrite et au Web.
Également dans le viseur du Haut Conseil à l'Égalité, l'État et les collectivités locales (communes, départements, régions) pourraient être obligées de faire des efforts notables en matière de parité pour continuer à percevoir leur budget annuel de 880 millions d'euros.
Enfin, les manuels scolaires devront aussi se mettre à la page en accordant la même attention aux femmes qu'aux hommes et en faisant la chasse aux stéréotypes de genre. Ainsi, rappelle l'étude réalisée en 2013 par le centre Hubertine Auclert, seules 3% des biographies contenues dans les manuels d'histoire de seconde et de CAP 2010 sont consacrées à des femmes. Et quand les femmes y sont représentées, elles sont cantonnées à des rôles sexistes ou à des rangs sociaux inférieurs à ceux occupés par les hommes.
Pour mettre fin à ces inégalités, le Haut Conseil à l'Égalité propose la création d'un « Observatoire des stéréotypes de sexe dans les manuels » et préconise l'application d'une grille d'indicateurs veillant « à la présence de femmes, quantitativement, comme qualitativement, ainsi qu'à la valorisation des femmes dans l'histoire des savoirs ». Cette mesure se doublerait d'une formation des enseignants à l'égalité femmes-hommes.