« La contestation de la monarchie absolue » : voici la baseline de la marque Le Léon, vendeur ultra bobo de vêtements swag en mode second degré. Le site, épuré, reprend les codes du trendy parisien : béret et baguette sur cocarde tricolore comme logo en mode « back to the roots », à l’instar des néo-bistrots adeptes du poireau vinaigrette qu’affectionnent les aficionados de la rétroverdose, un homme et une femme, trentenaires et hagards, posant avec les vêtements de la marque.
Côté homme, un pull à prix unique : 285 euros. 100% cachemire et brodé à la main. Dommage, le produit, ainsi qu’eût pu le faire croire la cocarde, n’est pas made in France mais made in... Népal. Sept modèles sont proposés, tous réhaussés d’un message LOL tel que « Le Cassou laid », « Rockfort » ou « Grande Gueule ». Ah ok, on l’aura compris, c’est THE Français qui est ici brocardé. Adepte de l’autodérision (c’est bien connu), il portera donc avec bonheur en étendard ce qui fait sa spécificité comme… le chômage ! « Chacun pourra à travers Le Léon prôner fièrement ce qui nous caractérise et que le monde entier nous envie », dit même la bio du compte Twitter de la marque.
« Les chômeurs sont les personnes qui se sont déclarées chômeurs (inscrits ou non à Pôle Emploi) sauf si elles ont, en outre, déclaré explicitement ne pas rechercher de travail ; et d’autre part les personnes qui ne se sont déclarées spontanément ni en emploi, ni en chômage, mais qui ont néanmoins déclaré rechercher un emploi », explique le blabla accompagnant ledit pull.
Rappelons que le taux de chômage en France est de 10,4% et qu’un chômeur français touche en moyenne 1055 euros net par mois (selon l’Unedic), soit l’équivalent de 3,7 pulls Le Leon. De quoi avoir bien chaud mais bien faim…
Alors que la twittosphère se dit écoeurée par cet humour d’un goût douteux, il semblerait que le community manager du compte Leleon ait décidé de supprimer les commentaires négatifs à son encontre, créant un « effet Streisand » (phénomène consistant à vouloir faire disparaître du Web un bad buzz et n’aboutissant, finalement, qu’à un regain d’attention).
Contacté par France Info, son créateur Léon Taieb, a maladroitement tenté de se justifier : « Je voulais juste quelque chose de mignon. Le mot "chômeuse" par exemple, sonne moins mignon, c'est pour cela qu'il n'existe qu'en version masculine. Chômeur, je trouve ça hyper mignon comme mot (…) Au fond, on est tous un peu chômeurs. On portera ce pull le dimanche, par exemple, quand on ne fait rien. Tous nos produits sont à prendre au 2e, 3e ou 4e degré. »
Pas sûr que l’exploitation du « chômeur branché » ait, cette fois-ci, tapé juste, comme avait pu le faire Nathanaël Rouas, « père » des « bomeurs », qui, lui, se défend de vouloir faire de l’humour avec son statut, ainsi qu’il nous le déclarait : « Je n'ai jamais dit que le chômage était branché. Je ne l'ai pas choisi, je n'ai rien demandé. Ce ne sera jamais une tendance. Le bomeur, c'est juste une carapace, pour se prouver que l'on vit encore socialement. »
De la difficulté d’user habilement du second, voire du « 3e ou 4e degré »…