Terrafemina : En quoi le slam peut-il constituer une bonne approche de la poésie ?
Gérard Mendy : Pour moi c’est une parole d’aujourd’hui qui fait appel à l’intergénérationnel. Depuis qu’il est reconnu en France, on voit le slam se mélanger à la poésie, au théâtre ou à la chanson. C’est une scène de libre expression qui célèbre l’art oratoire. La poésie que l’on connaît nous vient de l’école ou de la lecture, mais pas de la voix. Il est important qu’il existe des lieux –cafés, théâtres, etc.- pour entendre la poésie, entrer en contact avec elle, pour que le public se réconcilie avec les mots.
TF : Justement, pensez-vous qu’il faille modifier l’approche des textes poétiques à l’école vers plus d’oralité et de théâtralité ?
G.M. : Mon expérience m’incite à penser que le théâtre et le chant à l’école valent mieux que la récitation par cœur. C’est d’ailleurs pour cela que de nombreux professeurs font appel à notre association. Le slam est un déclencheur pour apprécier les textes, il permet de prendre conscience des notions de rythme et de débit. On travaille sa diction et on apprend à écouter l’autre, à l’heure où les nouvelles technologies ont tendance à nous isoler. Une scène de slam est un pan d’écoute, et la performance est toujours différente selon le public et l’émotion du moment.
TF : Qui sont les grands slameurs, y a-t-il beaucoup de femmes ?
G.M. : J’ai travaillé avec de nombreux slameurs et slameuses. Pour moi, toute personne qui ose aller sur scène pour se dépasser est « grande ». Je peux citer le collectif « Slam au féminin », Chantal Carbon, Yam Layam qui mélange slam et chanson, Delphine II qui marie le slam au One-woman-show. Il y autant de styles que d’individus, c’est cela qui fait que du slam un art si dynamique.
Slam & Cie, le 4 mai à la salle Jacques Brel, Espace V de Villepinte.
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