"Le sperme contrôle les gènes et le comportement des femmes". C'est le titre d'un article de la revue scientifique le New Scientist publié le 22 juillet et portant sur les propriétés de la semence masculine chez les... mouches du vinaigre. Mais, et c'est là que cela se corse, le journaliste, au lieu de se concentrer sur cette analyse du rôle du sperme sur le comportement des insectes, ressort une étude parue en 2002 sur les vertus du sperme humain depuis sérieusement remise en cause.
Ces recherches, menées par Gordon Gallup, un universitaire de l'Université d'Albany aux Etats-Unis, prétendaient que le sperme avait un rôle antidépresseur, vraisemblablement dû à sa teneur en hormones telles que la testostérone et la prolactine, qui régissent, entre autres, le fonctionnement du cerveau.
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont posé des questions au sujet de leur moeurs sexuelles à 293 femmes qui suivaient des cours dans l'établissement et leur ont fait passer un test définissant leur état d'esprit. Et ils ont ainsi remarqué que les 88 femmes qui n'avaient jamais utilisé de préservatifs avaient moins de propension à la dépression. Les auteurs de l'étude en ont donc conclu que les hormones contenues dans le sperme jouaient un rôle sur l'humeur des femmes en passant dans leur sang à travers les parois vaginales.
Pavol Prokop, un anthropologue slovaque a peu de temps après émis de sérieux doutes au sujet de cette étude, arguant, comme il l'a répété à Buzzfeed, que si le sperme était vraiment un antidépresseur, les femmes chercheraient à coucher avec un maximum d'hommes dans le but de consommer autant de sperme que possible, ce qui n'est pas le cas.
Ce n'est pas la seule limite de cette étude, dont les résultats peuvent être interprétés de plusieurs manières et qui pèche par un manque de précision. Ainsi, de nombreux facteurs, tels que l'état des relations amoureuses des participantes ou leur degré de satisfaction sexuelle n'ont pas été pris en compte dans l'étude de Gordon Gallup.
Enfin prétendre que les femmes qui n'utilisent pas de préservatifs sont moins déprimées est dangereux d'un point de vue sanitaire. En effet, cela revient à encourager indirectement les femmes à renoncer à se protéger pendant l'acte sexuel.
Alors comment se fait-il que cette étude, dont les conclusions par trop hâtives ont depuis été rejetées par le corps scientifique réapparaisse sous la plume d'un journaliste ? Ne chercherait-on pas à nous faire avaler n'importe quoi ?