Faut-il féminiser les gouvernements pour endiguer la corruption ? C’est ce qu’a fait, avec succès, la ville de Mexico, en ne désignant que des femmes dans le contrôle du trafic routier : cinq mois après cette initiative, aucune femme n’avait été accusée d’avoir demandé ou accepté des pots-de-vin. Les forces de l’ordre ont eu la même idée au Pérou. Dans la ville de Lima, une baisse significative de la corruption a été observée après le recrutement de femmes dans la police.
Justin Esarey et Gina Chirillo, chercheurs à la Rice University (Etats-Unis), se sont penchés sur le sujet, en partant également du constat que les femmes étaient décrites comme des gouvernantes plus justes et plus honnêtes, de la même manière qu'elles seraient aussi de meilleures négociatrices, et feraient de meilleures dirigeantes. Dans l’étude « Fairer Sex or Purity Myth ? Corruption, Gender, and Institutional Context », ils démontrent que la femme n’est pas naturellement moins corrompue que l’homme du fait de sa nature, mais que tout est question de contexte. « Les femmes résisteront à la corruption dans des endroits où elle est culturellement et institutionnellement stigmatisée (…) à cause de la discrimination qu’elles subissent », expliquent les auteurs. En politique, elles s’attacheraient donc à éviter la corruption pour anticiper un coup de grâce à leur carrière. Une théorie confirmée par Celinda Lake, conseillère politique des démocrates : « Quand des électeurs découvrent qu’un homme a des problèmes d’éthique et d’honnêteté, ils se disent : "je m’y attendais". Quand il s’agit d’une femme, ils se disent : "je pensais qu’elle valait mieux que ça". »
Si dans les pays où la corruption est condamnée, elles y sont moins sujettes, quid des pays où la corruption est la norme ? Difficile de savoir pour Justin Esarey et Gina Chirillo : « Les femmes ont moins d’occasions d’être corrompues dans ces systèmes car elles sont exclues des réseaux sociaux et politiques. » Les femmes y sont donc également plus honnêtes, par la force des choses. Les auteurs soulignent qu’en cas d’accession au pouvoir des femmes, rien n’indique qu’elles seraient moins sujettes à la corruption que les hommes.
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