Les régulateurs et limiteurs de vitesse seraient-ils en passe de devenir les nouveaux ennemis de la Sécurité routière ? Une étude réalisée par le Centre d'investigations neurocognitives et neurophysiologiques (Ci2N) de l'Université de Strasbourg et publiée par la Fondation Vinci Autoroute a en effet constaté que les « personnes conduisant une voiture équipée d'un régulateur ou d'un limiteur de vitesse » étaient victimes d'une « détérioration des capacités attentionnelles, et donc de réaction face au danger ». 90 automobilistes ont accepté de se plier à l'étude sur un simulateur de conduite. Tous devaient effectuer le même trajet sur un tronçon d'autoroute dont la vitesse était limitée à 120 km/h, en suivant quatre schémas différents : l'approche d'un péage, un accident d'autocar, des travaux sur la chaussée et la présence d'un radar.
Selon les chercheurs, le constat est sans appel. Bien que censés aider les automobilistes à maîtriser la vitesse de leur véhicule, les régulateurs de vitesse ont surtout pour conséquence de les rendre moins attentifs à leur conduite et donc moins vigilants. Ainsi, ceux-ci seraient moins enclins à respecter les distances de rabattement : « En raison d'une vitesse plus difficile à moduler, les conducteurs ont tendance à rester plus longuement sur la voie de dépassement et à se rabattre moins fréquemment sur la voie de droite », note l'étude.
Il en est de même avec les distances de sécurité, moins respectées par les automobilistes en cas de trafic : le rapport note que celles-ci diminuent « en moyenne de 5% avant le déboîtement et de 10% (soit 4 mètres environ) au moment du rabattement ».
Autre conséquence, toute aussi dangereuse : parce que les automobilistes relâchent leur vigilance au volant, ils seraient aussi plus enclins à somnoler en conduisant, d'autant plus sur l'autoroute, où la conduite est souvent monotone. Le rapport note qu'en utilisant un régulateur de vitesse, la fréquence des épisodes de somnolence augmente de 25% à partir d'une heure de conduite. Avec l'utilisation d'un limiteur de vitesse, les épisodes de somnolences augmentent de 16%.
Le rapport note enfin que la capacité de réaction des automobilistes, « notamment en situation d'urgence, est également sensiblement amoindrie ». Ainsi, le temps de réaction avant de freiner face à un événement est rallongé en moyenne d'une seconde, soit de 40 mètres supplémentaires pour une vitesse de 130 km/h.
Que faire alors, pour limiter les effets indésirables des régulateurs et limiteurs de vitesse ? Pour le professeur André Dufour de l'Université de Strasbourg, la meilleure solution reste de les désactiver. Interrogé par Le Parisien, il a ainsi préconisé de « désactiver le régulateur lorsque le trafic est dense, ou à l'approche des zones spécifiquement signalées, telles que les zones de travaux ou les péages. Une vigilance accrue s'impose également lors des longs trajets : l'utilisation prolongée de ces outils nécessite d'augmenter la fréquence des pauses, de façon à permettre au conducteur de multiplier les périodes de récupération de son niveau d'éveil ». Des conseils pour le moins utiles la veille d'un week-end de départs en vacances, durant lequel les routes seront chargées de vacanciers.
Les enfants qui se chamaillent ou s'ennuient en voiture aussi peuvent conduire à une baisse de la vigilance du conducteur. N'hésitez pas à leur faire faire des jeux qui passent le temps de manière constructive sur la route des vacances.
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