Qu'en est-il du sentiment d'intégration et de respect des personnes LGBT sur leur lieu de travail ? L'association Autre cercle, qui milite pour un monde du travail inclusif et épanouissant pour les personnes gays, lesbiennes, transsexuelles et bisexuelles, s'est posée la question et commandé à l'Ifop un sondage, dont les résultats ont été dévoilés jeudi 14 décembre en exclusivité par France Info.
Réalisé auprès de près de 7 000 personnes travaillant dans les secteurs privés et publics, le sondage pointe le relatif bon sentiment d'intégration qu'ont les personnes LGBT au sein de leur entreprise : 89% des personnes lesbiennes, gays et bisexuelles se sentent bien intégrées par leurs collègues et supérieurs hiérarchiques. 72% des personnes transsexuelles interrogées partagent ce sentiment.
Toutefois, malgré les avancées sociétales et l'évolution des mentalités, les discriminations n'ont pas totalement disparu à l'égard des personnes LGBT dans le monde professionnel. 30% des personnes LGBT ont ainsi dit avoir constaté des discriminations à l'égard de personnes homosexuelles dans le cadre de leur travail.
Les principales discriminations constatées sont les moqueries de la part de collègues (60% des répondants LGBT), la mise à l'écart de la part de collègues (31%) et une inégalité dans le déroulement de la carrière (29%).
Ce qui frappe dans ce sondage, c'est la différence de perception des discriminations entre les personnes LGBT et leurs collègues hétérosexuels. Ainsi, si près de 30% des salarié.e.s LGBT se disent discriminé.e.s sur leur lieu de travail, seuls 9% des hétérosexuels interrogés disent avoir constaté des discriminations semblables. Par ailleurs, 73% des personnes hétérosexuelles se disent "à l'aise" face à un ou une collègue gay ou lesbienne et 64% face à un ou une collègue transgenre.
Malgré la bienveillance et le respect dont font preuve leurs collègues à leur égard, certaines personnes LGBT redoutent encore de faire connaître leur orientation sexuelle sur leur lieu de travail. Ainsi, 73% des LGBT font le choix de rester "invisible" en évitant de parler de leur vie privée. 14% font encore croire qu'ils sont hétérosexuels. 49% de ceux qui choisissent de ne pas faire connaître leur identité sexuelle dans leur entreprise estiment que c'est une difficulté.
D'autres sondé.e.s se sentent à l'aise pour parler librement de leur orientation sexuelle. C'est le cas de 75% des hommes gays ou bisexuels interrogés dans le cadre du sondage. Ce chiffre tombe en revanche à 64% pour les femmes bisexuelles ou lesbiennes. Comment l'expliquer ? Selon les auteurs du sondage, il existerait un "double plafond de verre" auquel se heurteraient les salariées non-hétérosexuelles. Discriminées parce qu'elles sont des femmes, elles subissent aussi la double peine de ne pas se plier à l'orientation sexuelle dominante.