Patrick Sanguinetti : Plus que la position de l’Église, c’est surtout la violence de ses propos qui nous pose problème. En septembre dernier, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, a affirmé que la légalisation du mariage gay ouvrirait la porte à la polygamie et à l’inceste. Plus récemment, Monseigneur André Vingt-Trois a quant à lui estimé qu’il s’agissait d’une « supercherie » qui instaurerait « une discrimination entre les enfants », et que ce projet de loi était le fait de certains lobbys.
Chez David et Jonathan, nous ne demandons que deux choses : l’ouverture d’un débat et de l’écoute ; des mots semblent avoir complètement disparu du vocabulaire des hautes autorités religieuses. Ces dernières se contentent de discours qui tombent d’en haut, comme ce fut le cas avec la prière de Monseigneur Vingt-Trois à Lourdes, à l’occasion de l’Assomption. Nous sommes très respectueux des personnes ayant un avis différent du nôtre, opposées au mariage gay, mais nous restons ouverts aux débats. Ce que nous reprochons aux autorités ecclésiastiques, c’est d’y être complètement fermées.
P. S. : Depuis 40 ans qu’existe l’association, nous n’avons jamais eu aucune réponse à nos courriers adressés aux hautes autorités religieuses. Plutôt que de rentrer dans un vrai débat, elles préfèrent appeler à manifester dans les rues. Or les manifestations contribuent aux violences et aux actes homophobes. D’ailleurs, l’homophobie étant un péché, nous aimerions que l’Église catholique prenne position contre, pas seulement par ses paroles mais aussi par ses actes.
P. S. : L’Église étant opposée à l’acte homosexuel, il y a peu de chances pour que l’on voie un jour le mariage religieux, qui est un sacrement qui plus est, s’ouvrir aux gays et lesbiennes. Ce n’est pas, à mon avis, une option envisageable avant de longues décennies, d’autant que l’Église a une vision très conservatrice de la société. Elle n’a jamais revu sa position sur les homosexuels. Le seul progrès significatif, s’il faut en citer un, est l’admissibilité des gays à la prêtrise. Le mariage religieux est du domaine du rêve, de l’utopie et je pense qu’il le restera.
P. S. : Nous avons été surpris de cette déclaration car nous considérons que la loi autorisant le mariage gay, si elle est votée, devra s’appliquer à tout le monde et être respectée par tous. En effet, imaginez un peu la situation : un couple de personnes homosexuelles souhaite se marier mais le maire de la ville à laquelle il s’adresse est contre cette union et, conformément à sa « liberté de conscience », il va falloir trouver un adjoint pour célébrer leur union. Cette situation, si elle venait à devenir réalité, serait très désagréable et constituerait une discrimination supplémentaire pour les homosexuels. Ce n’est pas envisageable.
Cette déclaration était d’autant plus inattendue que le président François Hollande est le porteur de ce projet sur le mariage et l’adoption gay ; il en a d’ailleurs fait l’un des thèmes forts de son programme. Dans ce cadre, soit on instaure le mariage pour tous avec le même traitement pour les couples hétérosexuels et homosexuels, soit on laisse la législation telle quelle. Il ne doit pas y avoir de possibilité pour les maires de faire jouer une quelconque « liberté de conscience ». D’ailleurs, d’où vient cette notion ? Je ne crois pas l’avoir déjà vue dans quelque texte de loi que ce fut.
Certes, François Hollande a fait marche arrière mais avec cette déclaration, il a créé une brèche. Il a été dit qu’avec cet argument, il voulait éviter de se mettre à dos les maires les plus récalcitrants.
Crédit photo : AFP
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