Monseigneur André Vingt-Trois a récidivé : en visite de travail au Vatican lundi 19 novembre, il a évoqué une dérive « marchande » en cas d’adoption d’enfants par des couples homosexuels : « Un jour, on pourra acheter un enfant sur Internet, on pourra fabriquer des enfants et en mettre à disposition pour qui en veut. » Ces paroles, prononcées lors d’une conférence lors de laquelle il a résumé les débats français sur la question de la filiation, sont une nouvelle attaque aux travaux gouvernementaux sur le mariage et l’adoption pour tous.
Il a d’ailleurs ajouté qu'un enfant élevé par un couple homosexuel « peut être tout à fait heureux, épanoui, à qui rien ne manque : on nous le montre tous les jours » mais « ils seront les enfants de qui et ils seront les enfants pour qui ? », s’est-il interrogé. Avant d’ajouter : « il n'y a pas d'humanité sans différence des sexes (...) Il n'y a pas de reproduction hermaphrodite parmi les hommes » mais « notre action n'est pas une agression morale contre les personnes homosexuelles ».
Cette nouvelle attaque de l'Église catholique intervient au lendemain des manifestations contre le mariage pour tous du week-end qui ont vu s’affronter militantes féministes et pro-mariage gay aux opposants au mariage et à l'adoption pour les couples de même sexe. L’un des principaux acteurs de cette « manif pour tous », l’institut catholique intégriste Civitas, a fait savoir par le biais de son président Alain Escada, qu'« en permettant le mariage homosexuel (…) toutes les folies seront légitimées ».
Il a aussi ajouté que « toutes les dérives » sont à craindre en cas de vote du projet de loi comme par exemple « le mariage polygame ». Des peurs martelées depuis l’annonce du projet de loi par le gouvernement que les opposants au mariage gay ont bien intégrées : « Si le projet de loi passe, on va modifier le Code civil et ce ne sera plus deux personnes du sexe opposé qui peuvent se marier. Et ça peut donner des choses très bizarres, comme le mariage avec un animal ou la polygamie », confie un manifestant du cortège « Non à l’homofolie ».
Ces arguments déjà avancés par les anti-mariage gay continuent donc leur progression : après les propos de François Lebel, le maire du VIIIe arrondissement de Paris, qui affirmait début octobre dans son journal municipal que le mariage pour tous ouvrirait la porte à la pédophilie, à l’inceste et aux mariages consanguins, dans la lignée des déclarations de Monseigneur Barbarin mi-septembre, le maire de Sète, François Commeinhes, avait également parlé des « gays femelles », un nom qu'il attribuait aux femmes homosexuelles. Enfin, le dernier dérapage en date vient du sénateur UMP Serge Dassault qui a associé homosexualité et décadence, avançant l’exemple de la Grèce antique, et affirmant qu'accorder le droit d’adopter aux couples homosexuels mènerait à la disparition de la population française.
Crédit photo : Facebook / Civitas
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