Alors que les catholiques étaient invités à se recueillir, mercredi, à l’occasion de l’Assomption, un message de l’Église sur la famille suscite la controverse, les associations de défense des droits des homosexuels y voyant un plaidoyer contre la légalisation du mariage gay.
Rédigée par le cardinal André Vingt-Trois, la prière, consignée en quatre points, invite d’abord à plus de compassion et de générosité « envers les victimes de restrictions diverses et qui voient l'avenir avec inquiétude ». Elle appelle également à prier pour « ceux qui ont été récemment élus, pour que leur sens du bien commun de la société l'emporte sur les requêtes particulières », pour « que les familles en attente légitime d'un soutien de la société ne soit pas déçues » et « pour que les enfants cessent d'être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l'amour d'un père et d'une mère ».
Notre-Dame de Paris avait inauguré mardi soir cette lecture, lors d'une grand-messe suivie par une longue procession fluviale sur la Seine, à laquelle avaient assisté 4 600 personnes, selon les organisateurs. Dès lors, des associations comme le Collectif contre l'homophobie (CCH) ou l'Inter-LGBT (Lesbiennes-gay-bi-trans) avaient fait valoir que « parler des familles, insister sur le fait qu'elles reposent sur un père et une mère » faisait allusion au mariage homosexuel tandis que Michael Bouvard, membre du bureau de SOS Homophobie, voyait dans ce message « un terreau pour la discrimination et pour l'homophobie ».
Pour autant, l'Église ne veut pas attaquer de front le mariage homosexuel ni l'adoption par un couple homosexuel, qui sont des engagements de campagne du président François Hollande. Toutefois, Monseigneur Bernard Housset, évêque de La Rochelle-Saintes qui préside le 139e Pèlerinage national de Lourdes a précisé, avant de célébrer la messe de l'Assomption, que l'on « ne pouvait pas confondre le mariage d'un homme et d'une femme et l'union de deux personnes homosexuelles », soulignant la notion d'altérité nécessaire pour donner la vie. Sur la question de l'adoption, il a ainsi alerté face au risque que l'enfant devienne « un objet qui se marchandise », mais a insisté sur « l'importance de la lutte contre l'homophobie ».
Cette polémique survient alors que, selon une enquête de l'Ifop portant sur « les Français, les catholiques et les droits des couples homosexuels », 65 % des Français seraient favorables au mariage homosexuel. En revanche, les sondés se révèlent plus partagés en ce qui concerne l'adoption d'enfants par les couples homosexuels. Le sondage paru mercredi dans la Lettre de l’Opinion montre que 53 % des Français y seraient favorables. Un chiffre en retrait de 5 points par rapport à l'année dernière.
Crédit photo : AFP
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