Être touché, caressé, bercé est aussi important pour un bébé que d’être nourri ou changé. « L’éveil par le toucher de 2 à 9 mois (jusqu’aux premiers déplacements de l’enfant à peu près) est vraiment important et le massage est un moyen de stimuler les fonctions corporelles du bébé », garantit Evelyne Gorce, puéricultrice en PMI. Partant de ce constat, les professionnels ont développé des séances de massage collectives pour enseigner aux parents comment manipuler leur bébé : avec de l’huile de massage, au calendula ou au karité par exemple, pour que le toucher soit plus doux, les mamans procèdent à un massage complet. Les professionnels, à l’aide de poupons miment les gestes, qui se concentrent d’abord sur le bas du corps puis sur le haut de façon appuyée, pour se terminer sur le visage où là, le toucher est beaucoup plus léger.
Pour être efficace, les séances ne doivent être une obligation ni pour l’enfant, ni pour les parents comme l’explique Evelyne Gorce, qui organise ces ateliers particuliers depuis plus de 10 ans : « Si le bébé dort quand la maman arrive à l’heure de la séance, on le laisse dormir. S’il a faim en cours d’atelier, la maman arrête le massage pour lui donner à manger : c’est très important de respecter les rythmes du bébé ». Pas question pour autant d’oublier les parents : « On leur explique également qu’ils doivent être bien installés, que leur position ne doit pas les gêner pour procéder au massage ».
« Antoine adore les séances de massage, ça l’apaise et le détend. D’ailleurs, s’il n’est pas endormi quand je le mets dans son siège auto, il ne lui faut pas bien longtemps ». Adeline, maman d’Antoine, 6 mois et de Martin, 3 ans et demi, n’a pas hésité à la naissance de son deuxième enfant : « Je voulais partager les mêmes moments privilégiés qu’avec Martin. Et les séances de massage à la PMI en étaient un. Même si c’est difficile pour moi d’y aller aussi régulièrement, j’essaie de me libérer ». Les horaires fixes des ateliers lui permettent de respecter ces moments : « Quand je suis chez moi, ce n’est pas que je n’en ai pas envie ou que j’ai peur de mal faire, mais je ne prends pas vraiment le temps ». Même son de cloche chez Mathilde, maman de Jules, 1 mois et de Théo, 2 ans : « Je leur fait des câlins, il m’arrive de masser Jules à la sortie du bain. Mais ce sont des massages courts très simplifiés d’environ 5 minutes ».
Cet atelier d’éveil psychomoteur par le toucher, où les massages durent en général entre 10 et 30 minutes selon l’âge du bébé, s’inscrit dans un créneau horaire de 2 heures : les mamans arrivent à leur rythme. Généralement, Evelyne Gorce travaille en duo avec une de ses collègues pour pouvoir s’occuper d’une petite dizaine de mamans en tout. Parce qu’elles ne viennent pas que pour créer un lien avec leur enfant, elles ont aussi besoin d’échanger leurs expériences avec les autres et de poser des questions aux professionnels : « elles veulent être rassurées sur l’alimentation, la santé, les pleurs de leur bébé et savoir comment les autres gèrent les maladies infantiles, les petits tracas du quotidien, etc… Ces séances permettent de les valoriser dans leur fonction maternelle ». Ce que confirme Mathilde : « Avec Théo, au début, c’était difficile, il était souvent malade, avait du mal à dormir à un rythme régulier et à force de recevoir des conseils de tous les côtés, je ne savais plus qui avait tort et qui avait raison. Du coup, venir à ces séances m’a fait le plus grand bien pour calmer mes angoisses. D’ailleurs, nous sommes même restées en contact avec les autres mamans du groupe massage, nous organisons des pique-niques, nous nous voyons régulièrement pour échanger. Même si nous n’avons pas toutes les mêmes méthodes d’éducation, une solidarité s’est créée entre nous voire même une amitié, autour de notre expérience commune et simultanée de la maternité. »
Si l’atelier est à l’origine proposé aux parents, Evelyne Gorce voit surtout des mamans venir avec leur petit : « c’est plus difficile pour les papas parce qu’ils n’ont souvent pas de congés aussi longs que ceux de leur conjointe. Mais ponctuellement, certains viennent en couple ou seuls avec leur bébé ». C’est le cas de Stéphane, le compagnon de Mathilde qui travaille et ne peut donc assister aux séances qui ont lieu en matinée : « Stéphane adore masser Jules après le bain. Il a même beaucoup moins d’appréhension que moi alors qu’il est tout petit ». Si certains pères redoutent d’ailleurs plus ces moments de massage, « en raison du gabarit de leurs mains », explique Evelyne Gorce, « ces craintes sont rapidement effacées après une séance », assure-t-elle. Pour autant, les massages pour bébés ne conviennent pas à tout le monde : « Il y a des personnes qui ne sont pas à l’aise avec le toucher et qu’on ne voit qu’une fois ou deux. »
En PMI, les séances sont hebdomadaires et gratuites. Tous les départements n’en proposent pas mais quand ils le mettent en place, le plus souvent, les professionnels envoient de la documentation avant la naissance et/ou dans les jours qui la suivent pour informer les mamans des services disponibles.
D’autres organismes proposent des ateliers d’éveil du bébé par le toucher, tel « l’Association française de massage pour bébé ». Certaines sages-femmes libérales pratiquent également le massage elles-mêmes. Originaire d’Inde et arrivé récemment dans les sociétés occidentales, l’éveil au toucher est définitivement en train d’acquérir ses lettres de noblesse.
Laure Gamaury
Crédit photo : Hemera
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