
EmRata enfin considérée à sa juste valeur ?
Sur Tiktok, la mannequin et actrice américaine Emily Ratajkowski n'a pas hésité à tacler une consoeur superstar : Katy Perry.
Laquelle en compagnie d'un équipage entièrement féminin a ce 14 avril décollé dans l'ouest du Texas, à environ 100 kilomètres d’altitude, à bord d'une fusée, 11 minutes seulement à la frontière des étoiles, assurant à ses fans qu'il ne s'agit pas simplement là d'un caprice de milliardaire déployé "pour le fun" et l'entertainement... Mais d'une initiative "empouvoirante".

Clamant à ce titre le plus sérieusement du monde : "le plus important, c’est de créer de l’espace pour les prochaines femmes, montrer que les femmes doivent occuper l’espace". Sans rire.
Une aberration anti-climatique qui a suscité le "dégoût" de la mannequin aux quelques centaines de millions de followers, y allant de son coup de gueule fracassant sur les réseaux sociaux : "Regardez l’état du monde et pensez à toutes les ressources qui ont été investies pour envoyer ces femmes dans l’espace. Tout ça pour quoi ?".
"Cette mission spatiale, ce matin c'est un truc digne de la fin du monde. C'est au-delà de tout, c'est une parodie. Vous dites vous soucier de Mère Nature et vous montez dans un vaisseau spatial construit et payé par une entreprise qui la détruit à elle seule ? Je suis dégoûtée. Tout ça pour quoi? C'est quoi le marketing derrière ?"

Elle a raison, celle que l'on surnomme "EmRata" : ce voyage d'une dizaine de minutes est un non sens écologique.
Selon le média écolo VERT, "on estime à 24 tonnes la quantité de carburant nécessaire pour lancer la fusée. La quantité de CO2 émise à chaque lancement s’élève à 93 tonnes. Si l’on divise ce total par le nombre de passagères dans la capsule ce lundi – c’est-à-dire six –, chacune d’entre elles serait responsable de l’émission de 15,5 tonnes de CO2. Soit l’équivalent de ce qu’émet un·e Français·e en… un an et demi".
Le "Tout ça pour quoi ?!" d'Emily Ratajkowski n'en résonne que plus fortement, donc. Et beaucoup saluent le franc parler de l'influenceuse.

Une prise de parole qui a engendré un large partage et, chose rare, un certain consens autour de la pertinence de la star. Ce qui n'est pas courant. Car Emily Ratajkowski est depuis des années considérée comme une célébrité illégitime dès qu'il s'agit d'exprimer une conviction politique. Et ce alors qu'elle en a énormément !
Trop sexuelle ou sexualisée, trop démonstrative dans l'expression de son corps, trop adepte des selfies, trop superficielle... Soi disant. Pourtant, depuis l'avènement du mouvement #MeToo, l'une des plus populaires figures d'Instagram multiplie les prises de position acérées. Est-ce enfin le temps de la reconnaissance pour cette féministe revendiquée ?

Ce ne serait pas trop tôt. Il y a 3 ans déjà, EmRata rhabillait pour l'hiver Hollywood et son enfer patriarcal...
Auprès du Los Angeles Times, la mannequin ressassait sa propre expérience de l'usine à rêves, et son impression tenace... D'avoir été considérée comme un bout de viande.
"A Hollywood j'avais l'impression que les gens me jugeaient et se disaient : 'Est-ce qu'elle a autre chose à proposer que ses seins ?... Et c'est peut-être pour ça qu'en ce moment je ne suis pas vraiment intéressée par les points de vue masculins. Parce que tout cela nous renvoie à des mensonges. C'est un monde foutu", dénonçait-elle.

Et depuis la sortie de son tout premier livre, un manifeste très intime et politique, intitulé de manière éloquente "MY BODY" (mon corps), l'autrice a redoublé de virulence et de prises de position affirmées...

Comme lors de cette interview fleuve à GLAMOUR UK, où la mannequin rappelle ses nombreux engagements : en faveur du candidat politique particulièrement progressiste Bernie Sanders, de la préservation du Planning Familial, de la lutte pour le libre accès à l'IVG, terriblement malmené ces dernières années aux Etats-Unis...
Des convictions qu'elle assume de ses publications à ses entretiens, jusqu'à son podcast, High Low With EmRata. Où elle revient en compagnie d'invités comme l'acteur trans Elliot Page sur notre rapport à la beauté, à l'hyper sexualisation des femmes, au genre.

A Glamour donc, consciente des préjugés sur sa personne, elle déplore : "Je pense que malheureusement, la misogynie imprègne toutes les interactions des femmes, même entre elles, et particulièrement celles qui ont bâti leur carrière et leur réussite sur leur image ou leur apparence ; elles sont confrontées à un type d'agression particulier"
"L’ironie, c’est que le féminisme peut finir par être comme un miroir que nous tendons aux autres femmes pour les juger !"
"Je sais ce que je représente pour les jeunes femmes. Je connais des personnes qui ont grandi en pensant que j'étais cette chose inaccessible dont leurs copains parlaient tout le temps, et maintenant j'ose me dire féministe. Mais maintenant je sais que peu importe à quel point tu essaies de gagner ou de t'approprier ce système en jouant sur le désir masculin, le patriarcat gagne toujours..."*

Lucide, tranchante, introspective, EmRata comme personne d'autre analyse avec sincérité sa réputation... De mauvaise féministe.

EmRata, une "bad feminist" controversée et polémique ?
On le décryptait ainsi sur Terrafemina : "Dès 2016, The Independent montae au créneau : "Kim Kardashian et Emily Ratajkowski ne sont pas des féministes". Depuis, des blogs américains comme Unherd ont volontiers fustigé son "féminisme vide", considéré comme trop consensuel envers les hommes, comme si "Emily Ratajkowski était heureuse d'être objectivée"...."

"Un débat qui s'étend jusqu'en France, où Marie Claire se demande à son sujet : "Peut-on être féministe et n'exister que par son corps ? Pour beaucoup, la mannequin serait une "mauvaise féministe". Et son cas en dit long sur ce complexe dont il faudrait se détacher une bonne fois pour toutes. Oui, EmRata montre son corps sur les réseaux sociaux, à ses dizaines de millions de followers..."
"Oui, la silhouette de top modèle d'Emily Ratajkowski correspond totalement aux diktats normalisés par la mode, le culte des régimes et les magazines féminins. Et on accuse volontiers "EmRata" de participer à cette hyper sexualisation qui vient généreusement flatter le regard des hommes, le fameux "male gaze", lui appliquant ses désirs"
"Mais son image, c'est aussi une partie de son expérience, de sa condition féminine, et de son éveil aux enjeux féministes. Quand bien même cela passe par le glamour, le sexy, le nu - comme dans les galeries d'art. D'ailleurs, son livre, un manifeste féministe, justement, s'intitule : My Body. Mon corps"..."

GLAMOUR UK dès lors décrypte à l'unisson à travers la voix de sa journaliste : "C'est là que le bât blesse avec EmRata : quoi qu'elle fasse, tout le monde semble avoir un avis. Et tout cela revient aux contradictions. Plus je comprends Emily, plus je réalise qu'elle semble vraiment souffrir d'une société qui cherche constamment à enfermer, voire à forcer, les femmes dans des cases".

Et le magazine de conclure : "Certes, ses contradictions peuvent frustrer et compromettre ses objectifs, et parfois, au cours de notre conversation, elle semble tiraillée entre ce qu'elle représente et ce que la société attend d'elle. Elle se débat visiblement avec le fait qu'elle aime être mannequin, qu'elle gagne beaucoup d'argent grâce à ça, et pourquoi pas ?"
"Mais elle aussi, comme elle le dit, aspire désespérément à être prise au sérieux. En lui parlant, je me demande de plus en plus : pourquoi ne serait-elle pas contradictoire ? N'est-ce pas le cas de la plupart des femmes ? Cela me rappelle le discours emblématique d'America Ferrera dans Barbie sur le conflit permanent que représente le fait d'être une femme dans le monde d'aujourd'hui, un sujet qu'Emily soulève"

Aujourd'hui, les réflexions féministes de "EmRata" semblent beaucoup plus considérées. Et bien des femmes n'hésitent pas à la remercier sur les réseaux sociaux. Son public est devenu beaucoup plus féminin. On le constate sur son compte Instagram où les utilisatrices n'hésitent pas à la soutenir, entre deux hommes libidineux.
Dans GLAMOUR toujours, la principale concernée persiste, signe, et se réfère à son modèle : Jane Fonda. Sex symbol, oui, femme libérée, mais aussi, femme engagée, dans des causes aussi bien pacifiques qu'écologiques. Comme la mannequin en 2025 finalement.
Et celle-ci d'assurer à propos de son idole : "C'était une star de cinéma, une militante, très engagée politiquement. Et je pense que j'aimerais être considérée comme l'une de ces pionnières qui ont dit : “Tu peux être ceci, cela et cela". Je veux devenir un exemple de femme aux multiples facettes, qui a fait les choses comme elle le voulait"